Cyclades

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Thème 1 : Se chercher, se construire
Ch. 1
Les grandes découvertes : vers un nouveau monde
Ch. 2
Moby Dick : sur les traces d'une baleine mythique
Ch. 3
Dire toutes les nuances de l'amour
Ch. 4
Roméo et Juliette, une tragédie amoureuse adaptée au cinéma
Ch. 5
Se raconter, se représenter
Ch. 6
Romain Gary, La Promesse de l'aube
Thème 2 : Vivre en société, participer à la société
Ch. 7
Bandes de jeunes !
Ch. 8
En famille : Molière : Le malade imaginaire
Ch. 9
Les valeurs : du dialogue à la confrontation
Ch. 10
Le Cid entre amour, honneur et devoir
Ch. 11
L'habit fait-il le moine ?
Thème 3 : Regarder le monde, inventer des mondes
Ch. 12
La magie des Mille et Une Nuits
Ch. 13
Territoires imaginaires
Ch. 14
Aux frontières du réel
Ch. 15
Germinal, un roman et un film
Ch. 17
Le monde moderne en poésie
Thème 4 : Agir sur le monde
Ch. 18
Héros d'hier, héros d'aujourd'hui
Ch. 19
L'information, des textes aux médias
Ch. 20
Dénoncer la guerre : Mémoires d'un rat de Pierre Chaine
Ch. 21
Antigone : Une voix face au pouvoir
Ch. 22
Sommes-nous maitres de la nature ?
Ch. 23
La ville entre chien et loup
Ch. 24
D'un étonnement à un autre
La langue au cycle 4
Lexique
Grammaire
Conjugaison
Orthographe
Méthode
EPI
Chapitre 6
Texte et image

L'Appel de la nuit

J'étudie la façon dont la prose poétique intensifie notre rapport au monde.

10 professeurs ont participé à cette page
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Texte
Que ma joie demeure

Cet extrait constitue l'incipit du roman de Jean Giono, Que ma joie demeure.

  C'était une nuit extraordinaire. Il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l'herbe. Elles étaient en touffes avec des racines d'or, épanouies, enfoncées dans les ténèbres et qui soulevaient des mottes luisantes de nuit.
  Jourdan ne pouvait pas dormir. Il se tournait, il se retournait.
  « Il fait un clair de toute beauté », se disait-il. Il n'avait jamais vu ça. Le ciel tremblait comme un ciel de métal. On ne savait pas de quoi puisque tout était immobile, même le plus petit pompon d'osier. Ça n'était pas le vent. C'était tout simplement le ciel qui descendait jusqu'à toucher la terre, racler les plaines, frapper les montagnes et faire sonner les corridors des forêts. Après, il remontait au fond des hauteurs.
Jourdan essaya de réveiller sa femme.
« Tu dors ?
– Oui.
– Mais tu réponds ?
– Non.
– Tu as vu la nuit ?
– Non.
– Il fait un clair superbe. »
Elle resta sans répondre et fit aller un gros soupir, un claqué des lèvres et puis un mouvement d'épaules comme une qui se défait d'un fardeau.
« Tu sais à quoi je pense ?
– Non.
– J'ai envie d'aller labourer entre les amandiers.
– Oui.
– La pièce, là, devant le portail.
– Oui.
– En direction de Fra-Josépine.
– Oh ! oui », dit-elle.
  Elle bougea encore deux ou trois fois ses épaules et finalement elle se coucha en plein sur le ventre, le visage dans l'oreiller.
  « Mais, je veux dire maintenant », dit Jourdan.
  Il se leva. Le parquet était froid, le pantalon de velours glacé. Il y avait des éclats de nuit partout dans la chambre. Dehors on voyait presque comme en plein jour le plateau et la forêt Grémone. Les étoiles s'éparpillaient partout.
  Jourdan descendit à l'étable. Le cheval dormait debout.
  « Ah ! dit-il, toi tu sais, au moins. Voilà que tu n'as pas osé te coucher. »
  Il ouvrit le grand vantail. Il donnait directement sur le large du champ.
Quand on avait vu la lumière de la nuit, comme ça, sans vitre entre elle et les yeux, on connaissait tout d'un coup la pureté, on s'apercevait que la lumière du fanal1, avec son pétrole, était sale, et qu'elle vivait avec du sang charbonné2.
  Pas de lune, oh ! Pas de lune. Mais on était comme dessous des braises, malgré ce début d'hiver et le froid. Le ciel sentait la cendre. C'est l'odeur des écorces d'amandiers et de la forêt sèche.
  Jourdan pensa qu'il était temps de se servir du brabant3 neuf. La charrue avait encore les muscles tout bleus de la dernière foire, elle sentait le magasin du marchand mais elle avait l'air volonteuse4. C'était l'occasion ou jamais. Le cheval s'était réveillé. Il était venu jusque près de la porte pour regarder.
  Il y a sur la terre de beaux moments bien tranquilles.
Jean Giono
Que ma joie demeure, © Editions Grasset & Fasquelle, 1935
1. Grande lanterne.
2. Verbe formé sur le mot « charbon » pour désigner l'action de noircir avec du charbon.
3. Charrue utilisée à la fin du XIXe siècle.
4. Qui a de la volonté.
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Placeholder pour Jean GionoJean Giono
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Jean Giono

(1895-1970)


Jean Giono (1895-1970) est un écrivain français dont les premiers romans se passent dans le monde rural provençal, l'univers de son enfance. Il chante la nature pour y faire rêver son lecteur.
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Éclairage

La prose poétique

Dans un texte narratif, les descriptions s'appuient souvent sur des figures de style, sur le rythme de la phrase ou bien sur les sonorités. Dans ce cas, on parle de prose poétique. L'association des deux termes est justifiée par l'attention portée à des codes qui appartiennent plutôt à la poésie. Néanmoins, le texte reste globalement narratif car il raconte une histoire, avec des personnages.
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Placeholder pour Nuit étoiléeNuit étoilée
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Jean-François Millet, Nuit étoilée, v. 1850-1865 (Yale University Art Gallery, New Haven, États-Unis).
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100% Numérique

Écoutez  de J.S. Bach, célèbre cantate qui a inspiré le titre du roman de Giono.
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Questions

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Le texte

Je lis des textes variés et me sers de la nature des documents pour les comprendre

« Une nuit extraordinaire »


1. Où et quand se déroule la scène ? Soyez le plus précis possible.

2. Pourquoi le narrateur décrit-il la nuit comme « extraordinaire » (l. 1) ? Donnez au moins deux caractéristiques paradoxales de cette nuit particulière.

3. Commentez la description des étoiles, au début du texte. Quelles sont les figures de style employées ? Quel effet cela produit-il sur le lecteur ?

4. Commentez la description de la lumière artificielle (l. 40-45 « Quand on avait vu la lumière de la nuit [...] avec du sang charbonné. » ) : comment l'auteur crée-t-il une forte opposition avec la lumière des étoiles ?


Une expérience poétique


5. Quel effet cette nuit produit-elle sur Jourdan ? Trouvez-vous cela surprenant ? Comparez notamment avec la réaction de sa femme.

6. a. Par les yeux de qui le lecteur découvre-t-il la nuit ? b. Citez au moins une phrase pour justifier votre réponse et qui exprime les sentiments du personnage.

7. Ce texte vous parait-il poétique ? Appuyez votre réponse sur des figures de style et des effets de musicalité et de rythme.

8. a. Quelle décision Jourdan prend-il pour apprécier pleinement la nuit ? b. Comment l'aspect poétique du texte rend-il compte de cette expérience intense ?
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L'image

1. Quelle est la source de lumière de ce tableau ? Quels effets cette lumière crée-t-elle sur le paysage ?

2. À votre avis, quel sentiment le peintre a-t-il voulu exprimer dans ce tableau ? Justifiez votre réponse.

3. Quels liens pouvez-vous établir entre cette toile et l'extrait du roman de Jean Giono ?

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