C'est la peste de l'air, l'Erynne1 envenimée,
Elle infecte le ciel par la noire fumée
Qui sort de ses naseaux ; elle haleine2 les fleurs :
Les fleurs perdent d'un coup la vie et les couleurs ;
Son toucher est mortel, la pestifère3 tue
Les pays tout entiers de basilique4 vue ;
Elle change en discord l'accord des éléments.
En paisible minuit on oit5 ses hurlements,
Ses sifflements, ses cris, alors que l'enragée
Tourne la terre en cendre, et en sang l'eau changée6 ;
Elle s'ameute7 avec les sorciers enchanteurs,
Compagne des démons, compagnons imposteurs,
Murmurant l'exorcisme8 et les noires prières ;
La nuit elle se vautre aux hideux cimetières,
Elle trouble le ciel, elle arrête les eaux,
Ayant sacrifié tourtres9 et pigeonneaux
Et dérobé le temps que la lune obscurcie
Souffre de son murmure ; elle attire et convie
Les serpents en un rond sur les fosses des morts,
Déterre sans effroi les effroyables corps,
Puis, remplissant les os de la force des diables,
Les fait saillir en pieds10, terreux, épouvantables,
Oit leur voix enrouée, et des obscurs propos
Des démons imagine un travail sans repos ;
Idolâtrant Satan et sa théologie,
Interroge en tremblant sur le fil de sa vie
Ces organes hideux ; lors mêle de leurs tais11
La poudre avec du lait, pour les conduire en paix ;
Les enfants innocents ont prêté leurs moelles,
Leurs graisses et leur suc à fournir des chandelles,
Et, pour faire trotter les esprits aux tombeaux,
On offre à Belzébuth12 leurs innocentes peaux.
Souffle
sur.
Entend.
Rituel
destiné à faire sortir un démon
d'une personne. Ici, c'est
l'inverse.
Se mettre debout.