« En mai 2012, vivant alors en Guinée, j'ai décidé de devenir chrétien et de
me faire baptiser. J'étais alors musulman, comme la majorité des Guinéens,
comme ma famille et mon père, imam. Quand ma famille a appris ça, j'ai
été tabassé et enfermé. […] J'ai alors décidé de partir en France. Pourquoi la
France ? Parce que la Guinée est une ancienne colonie, donc je parle français,
même si je ne sais encore pas le lire et l'écrire ! Un homme a tout organisé
pour moi : les papiers, le visa, le billet d'avion. C'était en mars 2013. Je me
suis rendu à l'aéroport de Conakry caché, avec une casquette pour ne pas
que l'on me reconnaisse. Une fois dans l'avion, j'étais soulagé, je me suis dit :
« Ça y est, je suis libre. » Arrivé à Paris, je ne savais pas où aller. J'ai tenté de
parler à des blacks, on m'a dit : « Va à Nantes, il y a plein de Guinéens. » […]
J'ai d'abord dormi dehors, puis je me suis dirigé vers l'association Accueil et
informations pour demandeurs d'asile (Aida), qui m'a beaucoup aidé.
Je suis mieux ici en France. […] Je peux pratiquer ma religion sans crainte.
Ma famille ne sait pas où je suis. Je suis un ennemi désormais pour eux et je
le resterai. Retourner, un jour, en Guinée ? Je ne suis pas sûr. »