Si la Yougoslavie refusait l'alternative des deux blocs, le neutralisme en serait fortifié. Pour l'instant, les chances de la paix semblaient très incertaines : [...] le blocus de Berlin avait porté à son paroxysme la tension internationale. En France, en Italie, cette crise exaspérait les dissensions. [...]
Le blocus de Berlin se prolongeait. En Chine Mao Tsé-Toung1 remportait de foudroyantes victoires. Nankin s'effondrait : on se demandait si les USA n'allaient pas intervenir. En ce cas, pensait-on, ils concentreraient leurs forces en Extrême-Orient, abandonnant provisoirement l'Europe aux Russes qui l'envahiraient ; ensuite les deux grandes puissances s'affonteraient en Allemagne et en France [...]
En France la droite propageait sciemment l'épouvante [...]: 1° le régime soviétique est atroce, il entraîne nécessairement misère, famine, dictature, meurtre ; 2° sans l'aide de l'Amérique nous ne serons pas défendus : l'Armée rouge atteindra Brest en moins d'une semaine et nous subirons les horreurs de l'occupation. C'est dans cet esprit de panique dirigée que Carrefour2 lançait une enquête : « Que feriez-vous si l'Armée rouge occupait la France ? » Le véritable danger, c'était en fait le pacte atlantique que Robert Schuman, partisan de la « petite Europe », se préparait à signer : il couperait définitivement le monde en deux et jetterait la France dans la guerre si jamais l'Amérique la déclenchait.
Un grand nombre de mouvements pacifistes naquirent ou se développèrent à ce moment-là. [...] La Chine était si mal connue qu'elle prêtait à toutes les divagations. [...] On pensait que « la voie chinoise vers le communisme » serait plus souple et plus libérale que la voie russe, et que la face entière du monde socialiste allait s'en trouver changée.