Figures de monstres : La Belle et la Bête et autres contes

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Texte 2

Jorge Luis Borges, La demeure d'Astérion (1947)

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Texte

L'auteur raconte le mythe du Minotaure, aussi appelé Astérion, en imaginant son point de vue. Dans cet extrait, la créature mythologique répond à ses accusateurs.

Je sais qu'on m'accuse d'orgueil1, peut-être de misanthropie2, peut-être de démence3. Ces accusations (que je punirai le moment venu) sont ridicules. Il est exact que je ne sors pas de ma maison ; mais il n'est pas moins exact que les portes de celle-ci, dont le nombre est infini, sont ouvertes jour et nuit aux hommes et aussi aux bêtes. Entre qui veut. Il ne trouvera pas de vains ornements féminins4, ni l'étrange faste5 des palais, mais la tranquillité et la solitude. Il trouvera aussi une demeure comme il n'en existe aucune autre sur la surface de la terre. (Ceux qui prétendent qu'il y en a une semblable en Égypte sont des menteurs.)
Jusqu'à mes calomniateurs6 reconnaissent qu'il n'y a pas un seul meuble dans la maison. Selon une autre fable grotesque, je serais, moi, Astérion, un prisonnier. Dois-je répéter qu'aucune porte n'est fermée ? Dois-je ajouter qu'il n'y a pas une seule serrure ? Du reste, il m'est arrivé, au crépuscule, de sortir dans la rue. Si je suis rentré avant la nuit, c'est à cause de la peur qu'ont provoquée en moi les visages des gens de la foule, visages sans relief ni couleur, comme la paume de la main. Le soleil était déjà couché. Mais le gémissement abandonné d'un enfant et les supplications stupides de la multitude7 m'avertirent que j'étais reconnu. Les gens priaient, fuyaient, s'agenouillaient. Certains montaient sur le perron du temple des Haches. D'autres ramassaient des pierres. L'un des passants, je crois, se cacha dans la mer. Ce n'est pas pour rien que ma mère est une reine. Je ne peux pas être confondu avec le vulgaire8, comme ma modestie le désire.
Je suis unique ; c'est un fait. [...]
Tous les neuf ans, neuf êtres humains pénètrent dans la maison pour que je les délivre de toute souffrance. J'entends leurs pas et leurs voix au fond des galeries de pierre, et je cours joyeusement à leur rencontre. Ils tombent l'un après l'autre, sans même que mes mains soient tachées de sang.
L'Aleph, 1947, traduit par René L. F. Durand et Roger Caillois, 1967 © Éditions Gallimard.

1. Estime de soi excessive.
2. Haine envers les autres.
3. Folie.
4. Décorations dépourvues d'intérêt.
5. Luxe.
6. Accusateurs.
7. La foule.
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Questions

Question 1

Faites une recherche sur le mythe du Minotaure. Quelle est cette créature ? Que se passe-t-il tous les neuf ans ?
Question 2

a) Comment le Minotaure se défend-il d'être orgueilleux dans cet extrait ?
b) Êtes-vous convaincu(e) par ses arguments ? Justifiez votre réponse.
Question 3

Le texte évoque les rencontres entre le Minotaure et les humains. Dites pour chacun des groupes nominaux suivants s'il donne le point de vue des humains ou celui du Minotaure.

Point de vue des humainsPoint de vue du Minotaure

Question 4

D'après ce texte, pourquoi peut-on dire que la monstruosité du Minotaure peut être due à un malentendu ?
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EXCLU. PREMIUM

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