Le mérite de la redécouverte de la « Zone » revient à un groupe d'historiens – une vingtaine d'hommes, en tout [...]. Un des éclaireurs identifia une masse végétalisée, différente du reste de la forêt. [...] L'équipe s'approcha. De jeunes pousses sortaient du sol, les arbres tenaient debout, il y avait même de l'herbe. Rien ne laissait penser qu'il pouvait s'agir d'une maladie ou d'une décomposition intérieure. [...]
Sous les arbres de la forêt, quelques stèles1 furent exhumées du sol.
[...]
Aucun membre de l'équipe ne s'expliqua pour autant la présence de ces stèles. Ni de cette forêt aux propriétés si étranges. L'équipe regagna sa base, emportant avec elle divers résidus2 de fouilles (une carcasse géante d'automobile, de grands blocs de bétons usés, quelques petites poteries, des assiettes cassées, des branches, de l'argile et de l'écorce bleue.)
Quelques mois plus tard, Randall Merrill publia son premier article, dans les Annales d'archéologie de San Diego. L'article, agrémenté de cartes, de relevés et de nombreux croquis, révélait à la communauté internationale l'existence d'une forêt primitive, vieille de mille ou deux mille ans, en parfait état de conservation, et totalement bleue. (Fruits bleus, feuilles bleues, troncs bleus.)
[...]
Les premiers cas sont arrivés quelques années après la découverte de la Zone. Des morts inexpliquées. Des morts, des difformités – ou des rumeurs et des mensonges. On parlait de cardiopathies3 soudaines, de fissurations du cœur, provoquant une cyanose (un bleuissement du sang, à cause de la diminution de l'oxygène). [...] Très peu de cas en tout et pour tout.
1. Monument vertical qui porte des inscriptions.
2. Restes.
3. Maladies du cœur.