Ici, avec les Hutus du voisinage [...], il y avait beaucoup d'inégalités dans les relations, mais tout de même une entente. C'est un ou deux mois avant le génocide que des confidences très accablantes de massacres ont commencé à circuler dans les parcelles. Les avoisinants hutus clamaient dans notre dos : « Des Tutsis, des Tutsis, ceux-là doivent mourir absolument ! » […]. Les Interahamwe1 ont commencé à chasser les Tutsis sur notre colline le 10 avril [1994] […]. Quand l'attaque a commencé [...], j'ai reconnu beaucoup de visages d'avoisinants, qui tuaient à tour de bras […]. Quand on entendait les Interahamwe arriver, on courait se disperser en silence [...] et on s'enfonçait dans la boue. Un jour, je me suis fait attraper dans ma cachette d'eau. Ce matin-là, je m'étais enfuie derrière une vieille femme de connaissance […]. Les tueurs l'ont dénichée [...], ils l'ont coupée devant mes yeux.