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Chapitre 1.11
Texte A
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Virginia Woolf, Mrs Dalloway (1925)

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Texte

Le roman décrit une journée de Mrs Clarissa Dalloway, riche bourgeoise londonienne, en juin 1923. À la fin de la journée, celle‑ci donne une réception à laquelle le Premier ministre fait une apparition.

Elle ne s'amusait pas. Elle avait trop l'impression d'être n'importe qui, debout là ; n'importe qui pouvait faire cela ; et pourtant, ce n'importe qui, elle l'admirait, elle ne pouvait s'enlever de l'idée que c'était tout de même elle qui avait provoqué tout cela, que ce pilier qu'il lui semblait être devenue marquait une étape, car bizarrement elle avait complètement oublié de quoi elle avait l'air, mais elle se sentait comme un piquet planté en haut de l'escalier. Chaque fois qu'elle donnait une réception, elle avait cette impression de n'être pas tout à fait elle‑même, et que par certains côtés, chacun était irréel ; et très réel par d'autres. C'était, pensa‑t‑elle, en partie à cause de leurs vêtements, en partie parce qu'ils étaient sortis de leurs habitudes, en partie à cause du fond du décor ; on pouvait dire des choses que l'on n'aurait pas pu dire ailleurs, des choses qui demandaient un effort ; on pouvait dire des choses beaucoup plus profondes. Mais pas elle en tout cas, pas encore.

– Quel plaisir de vous voir ! disait‑elle. Ce cher vieux Sir Harry ! Il connaissait sûrement tout le monde.

Et le plus étrange, c'était cette impression qu'ils montaient l'escalier un par un, Mrs Mount et Célia, Herbert Ainsty, Mrs Dakers – oh, et Lady Bruton !

« C'est tellement gentil à vous d'être venue ! » dit‑elle, et elle le pensait vraiment. C'était curieux comme à se tenir là debout, on avait le sentiment qu'ils avançaient, qu'ils avançaient, les uns vraiment âgés, les autres…

Quel nom ? Lady Rosseter ? Mais qui dont c'était Lady Rosseter ? [...]

Vraiment, se dit Clarissa, le Premier ministre avait été bon de venir. Et, en traversant la pièce avec lui, devant Sally1, Peter2 et Richard3 très content, devant tous ces gens plutôt enclins, peut‑être, à l'envie4, elle avait ressenti la griserie5 du moment – le cœur dilaté, vibrant, palpitant, triomphant –, oui, mais après tout, c'était là ce que ressentaient les autres, car, en dépit du plaisir qu'elle y goûtait, ces faux‑semblants, ces triomphes (par exemple ce cher vieux Peter qui la trouvait si brillante), sonnaient plutôt creux ; ils étaient à portée de main mais pas dans le cœur ; et c'est peut‑être qu'elle vieillissait mais cela ne la satisfaisait plus comme autrefois ; et soudain, quand elle vit le Premier ministre descendre l'escalier, le cadre doré du tableau de la petite fille au manchon6, peint par Sir Joshua, ramena brutalement Miss Kilman à son esprit ; Kilman, son ennemie. Voilà une satisfaction ; quelque chose de réel. Ah, comme elle la détestait – prompte à s'emporter, hypocrite, corrompue ; et avec une telle puissance [...]. Elle la détestait : elle l'adorait. C'est d'ennemis qu'on avait besoin, pas d'amis.
Traduit de l'anglais par Simone David
© Stock, 1929.
1. Ancienne amie de Mrs Dalloway.
2. Ancien amoureux de Mrs Dalloway, avec lequel elle a failli se marier.
3. Époux de Mrs Dalloway.
4. La jalousie.
5. L'ivresse.
6. Pièce de vêtement, généralement en fourrure, qui sert à se protéger les mains du froid.
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Doc.

Marie Laurencin, Autoportrait à
l'éventail, 1913, huile sur toile,
12,5 × 10 cm, collection privée
Marie Laurencin, Autoportrait à l'éventail, 1913, huile sur toile, 12,5 × 10 cm, collection privée.
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Questions

1. En quoi cet extrait est‑il satirique ?

2.
Grammaire
Après avoir rétabli les mots sous‑entendus dans les mots soulignés, analysez la négation.
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