Nadia D. vit chez ses grands-parents maternels (M. et Mme B.) depuis la mort de sa mère, intervenue alors qu'elle avait vingt‑trois mois. Mme B., cinquante-six ans, est restée au foyer pour élever ses quatre enfants, puis elle a travaillé comme assistante maternelle, les études de ses enfants devenant trop onéreuses. Elle n'est pas allée à l'école en Algérie et est arrivée en France sans savoir lire ni écrire. M. B., soixante-quatre ans, est retraité. Il a travaillé comme monteur dans la métallurgie (ouvrier qualifié) et est allé à l'école en Algérie jusqu'à la fin du cycle élémentaire. […] Le cas de Nadia est un cas exceptionnel d'enfant vivant une socialisation stable […] qui la conduit à une « réussite » scolaire « brillante ». […]
Tout d'abord, nous avons affaire à un personnage central, une figure clef de cette famille : la grand-mère maternelle. Celle-ci se singularise par sa boulimie culturelle […]. « Moi j'avais dix-neuf ans à l'époque, je cachais avec des journaux la lampe de chevet. Parce que c'était un besoin de savoir, d'apprendre. Et je voulais apprendre et j'arrivais. » […] Ensuite, la grand-mère organise rationnellement la vie familiale : les activités des différents jours, les heures de repas, les heures de coucher… sont d'une grande exactitude (« c'est régulier, c'est recto ») et se calent sur les exigences scolaires. […] La grand-mère lit aussi des histoires à Nadia depuis qu'elle est toute petite.