Dans la peau de l'économiste, du sociologue et du politiste

La modification profonde du statut du tatouage ou du piercing dans les années 1990 marque simultanément la promotion du corps comme instance première de la consommation et souci de s'individualiser même en parcourant les mêmes allées marchandes. La culture traditionnelle du tatouage, celle qui demeure dominante jusque dans les années 1970‑1980, relevait surtout d'une culture masculine et hétérosexuelle visant à affirmer sa virilité, la force de caractère, l'agressivité, etc. Elle se donnait en opposition à la culture bourgeoise. Elle se voulait rebelle ou excentrique. [...] En quelques années l'engouement pour les modifications corporelles a inversé les anciennes valeurs négatives qui lui étaient associées.

Face à cette demande qui ne peut que continuer à monter, la France rattrapant peu à peu son « retard » sur des pays comme les États‑Unis, l'offre se densifie elle aussi. « En trente ans, on a dû passer de 40 à 3 000 ou 4 000 tatoueurs en France », évalue Tin‑Tin. Le Syndicat français des artistes tatoueurs (Snat), qu'il préside, revendique 1 236 membres.