Autour de la table ce jour-là, enregistrés par Radio UNESCO, il y avait une future première ministre de la République de l'Inde, Indira Gandhi, [...] et l'écrivain Albert Rakoto Ratsimamanga, représentant de la République malgache [...]. Il était question de « l'Afrique face à l'Orient et à l'Occident », Orient et Occident étaient considérés dans un sens géographique, la question posée était : l'Afrique doit-elle se choisir des modèles, des exemples et si oui avec quels pays aurait-elle le plus d'affinités ?
Indira Gandhi : « L'Afrique a surtout besoin des cadres et des programmes d'éducation. Je voudrais dire un mot sur les femmes : je pense que l'éducation de la femme est très importante, nous avons vu en Inde que c'est la femme qui peut changer l'idée de la famille. Et dans ces pays nouveaux et indépendants, on a besoin de créer une atmosphère avec des nouvelles idées, pour accepter ces idées nouvelles c'est par l'éducation dans le sens le plus large. »
Albert Rakoto Ratsimamanga : « Du fait de l'accession à l'indépendance, l'Afrique à l'heure actuelle est en train de se chercher, j'entends par là sa personnalité. [...] Surtout sa personnalité politique, je ne vois pas d'antinomie entre l'Afrique et l'Europe par exemple et entre l'Afrique et l'Orient. Je pense que justement l'Afrique peut servir de pont entre l'Orient et l'Occident. À l'Occident nous devons aller chercher sa technique, sa facilité de vie... mais nous ne devons pas perdre de vue la spiritualité de l'Inde avec, en outre, le fond artistique africain, cela ferait de l'homme africain moderne, une personnalité nouvelle exprimée peut-être par ce que mon ami Senghor appelle la négritude. »