Gaëtane Ricard-Niboul : La question de savoir si « ma voix compte » est sans doute une des plus pertinentes, car il est vrai que les gens ont beaucoup moins intégré leur pouvoir de citoyens européens que leur pouvoir de citoyens nationaux. C'est beaucoup plus flou, les gens connaissent peu les institutions européennes. Il y a donc en effet un problème spécifiquement européen, on ne peut pas le nier. Le système institutionnel européen est complexe. [...]
Hermès : Tout le monde parle du déficit démocratique de l'UE. Qu'en pensez-vous en matière de communication ? Comment améliorer l'adhésion des citoyens au projet européen ?
Gaëtane Ricard-Nihoul : Je ne parle pas de déficit démocratique de l'UE. Pour moi, l'Europe est démocratique.
Ce qu'on peut observer, c'est peut-être d'une part le déficit de la pratique démocratique européenne et d'autre part un déficit ressenti par les citoyens, qui ne voient pas comment ils peuvent peser sur les décisions européennes. En réalité, ce que l'on a, ce sont plutôt deux systèmes démocratiques – national et européen – qui fonctionnent bon an mal an (car les démocraties nationales ne sont pas non plus en excellente santé) mais qui se parlent peu. Très peu d'acteurs font le relais entre ces deux niveaux. Les institutions européennes se sentent souvent seules. Tant qu'il n'y aura pas plus d'acteurs politiques nationaux ou locaux véritablement impliqués dans la défense du projet politique européen, on n'y arrivera pas.