Que vous dirai-je, moi, mes douces jeunes filles,
À vous qu'on voit régner au sein de vos familles,
Fières de vos beaux ans, riches de tant d'espoir... ?
Hélas ! ce que je sais est si triste à savoir !
Car le dégoût s'acquiert avec l'expérience,
Le désenchantement est toute ma science. [...]
Et vous voulez quitter pour ce temps de misère
Vos plaisirs de seize ans sous l'aile d'une mère,
Vos rêves sans objet, vos désirs sans combats,
Vos rires et vos jeux... Oh ! ne les quittez pas !
Ne venez pas encor dans la cité des femmes ;
Prolongez vos beaux jours, gardez jeunes vos âmes ;
Aimez les papillons, les oiseaux et les fleurs ;
Ces amours-là n'ont point de tragiques douleurs ;
Jouez, courez, chantez, dites mille folies ;
Occupez-vous surtout de paraître jolies.