La place de la jeunesse de 1950 à 1980

Les paroles sont niaises, les airs importés des États-Unis et les talents incertains. Mais le yé-yé de Johnny [Hallyday], Sylvie [Vartan], Eddy [Mitchell], Richard [Anthony] et Françoise [Hardy] porte une énergie sans pareille. [...] Enfants de la croissance, de la prospérité naissante, de la consommation de masse et de la décolonisation, ils se préparent à faire éclater les cadres de la vieille société… Les teenagers écoutent Salut les copains, regardent Âge tendre et tête de bois, s'achètent des blousons de cuir, des boots noires, des « pattes d'éléphant » et roulent en scooter. À la Nation, en 1963, Johnny attend 15 000 fans. Il en vient 150 000 pour le premier concert de masse du rock français, et la première manifestation violente de la révolte adolescente… Coiffures, vêtements, langage, relations amoureuses, rien ne sera plus comme avant. La vieille discipline scolaire commence à plier et la pilule n'est pas loin.

L'extrait ci-dessous est une reprise des revendications formulées par les élèves d'un lycée du sud de la France.

Nous, lycéens, nous occupons nos lycées ! QUE VOULONS-NOUS ? La société moderne nous refuse tout contact, [...] aucune possibilité de rencontre ; dans les lycées, aucun contact avec les professeurs en dehors des cours, aucune possibilité d'échanges entre nous. Les lycéens écoutent et ne participent pas à la vie active. Peuvent-ils devenir de véritables citoyens ? [...] Nous voulons un enseignement intelligent permettant l'éclosion de la personnalité, et non un bourrage de crâne systématique [...]. Nous voulons encore montrer à nos parents que nous prenons en main notre avenir [...].