Français 1re

Retourner à l'accueil

Rejoignez la communauté !
Co-construisez les ressources dont vous avez besoin et partagez votre expertise pédagogique.
Mes Pages
Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
Langue
Outils d’analyse
Méthode
Annexes
Révisions
Chapitre 1.12
Texte 5

Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être (1984)

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte

Les personnages de ce roman permettent d'explorer différentes facettes de la condition humaine. Le narrateur analyse ici des manières divergentes d'envisager les notions de vérité et de mensonge.

VIVRE DANS LA VÉRITÉ

C'est une formule que Kafka1 a employée dans son journal ou dans une lettre. Franz ne se souvient plus où exactement. Il est séduit par cette formule. Qu'est‑ce que c'est, vivre dans la vérité ? Une définition négative est facile : c'est ne pas mentir, ne pas se cacher, ne rien dissimuler. Depuis qu'il a fait la connaissance de Sabina, il vit dans le mensonge. Il parle à sa femme du congrès d'Amsterdam et des conférences de Madrid qui n'ont jamais eu lieu, il a peur de se promener avec Sabina dans les rues de Genève. Ça l'amuse de mentir et de se cacher, car il ne l'a jamais fait. Il en éprouve un agréable chatouillement comme le premier de la classe quand il se décide enfin à faire l'école buissonnière.

Pour Sabina, vivre dans la vérité, ne mentir ni à soi‑même ni aux autres, ce n'est possible qu'à la condition de vivre sans public. Dès lors qu'il y a un témoin à nos actes, nous nous adaptons bon gré mal gré aux yeux qui nous observent, et plus rien de ce que nous faisons n'est vrai.

Avoir un public, penser à un public, c'est vivre dans le mensonge. Sabina méprise la littérature où l'auteur révèle toute son intimité, et aussi celle de ses amis. Qui perd son intimité a tout perdu, pense Sabina. Et celui qui y renonce de plein gré est un monstre. Aussi Sabina ne souffre‑t‑elle pas d'avoir à cacher son amour. Au contraire, c'est le seul moyen pour elle de vivre « dans la vérité ».

Franz, quant à lui, est certain que dans la séparation de la vie en domaine privé et domaine public se trouve la source de tout mensonge : on est un autre en privé et un autre en public. Pour Franz, « vivre dans la vérité », c'est abolir la barrière entre le privé et le public. Il cite volontiers la phrase d'André Breton qui disait qu'il aurait voulu vivre « dans une maison de verre » où rien n'est un secret et qui est ouverte à tous les regards. […]

Il faisait sa valise quand Marie‑Claude entra dans la chambre ; elle parlait des invités de la veille, approuvant énergiquement certaines remarques qu'elle avait entendues, condamnant d'un ton acerbe d'autres propos.

Franz la regarda longuement, puis il dit : « Il n'y a pas de conférence à Rome. » Elle ne comprenait pas : « Alors, pourquoi y vas‑tu ? »

Il répliqua : « J'ai une maîtresse depuis sept ou huit mois. Je ne veux pas la voir à Genève. C'est pour ça que je voyage tellement. J'ai pensé qu'il valait mieux te prévenir. »

Après ses premiers mots, il eut un doute ; son courage initial l'abandonnait. Il détourna les yeux pour ne pas lire sur le visage de Marie‑Claude le désespoir que ses paroles n'avaient pu manquer de lui causer.

Après une courte pause, il entendit : « Oui, moi aussi, je pense qu'il vaut mieux que je sois prévenue. »
Partie III, « Les mots incompris », traduit du tchèque par François Kérel, © Éditions Gallimard.
1. Écrivain austro‑hongrois du XXe siècle.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Doc.

Placeholder pour René Magritte, L'Œil, 1968,
huile sur toileRené Magritte, L'Œil, 1968,
huile sur toile
René Magritte, L'Œil, 1968, huile sur toile, 17,5 x 14 cm, collection privée.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Supplément numérique

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Questions

1. Comment la fiction permet‑elle de faire réfléchir au sens de la vérité ?

2.
Grammaire
Analysez les propositions subordonnées relatives dans la phrase soulignée.
Afficher la correction

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

j'ai une idée !

Oups, une coquille

Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.