Le 5 octobre 2017, l'affaire Weinstein éclabousse Hollywood. Les révélations du New York Times et du New Yorker sur les accusations d'agressions, de viols et de violences commises par ce producteur de cinéma américain font le tour de la planète grâce à Twitter, [...]. C'est sur cette même plate‑forme que rejaillit l'étincelle #MeToo. Dans la nuit du 14 au 15 octobre, Alyssa Milano, fervente critique d'Harvey Weinstein et connue pour ses rôles dans les séries Madame est servie et Charmed, décide de poster un petit message avec cette idée : « Si vous avez été victime de harcèlement ou d'agression sexuelle, écrivez “moi aussi” en réponse à ce tweet. »
L'actrice envoie quelques minutes plus tard un deuxième tweet, accroché comme une bouée au premier : « Me too » Plus de soixante mille messages lui feront directement écho dans les cinq jours qui suivirent. Les signataires de ces tweets sont en grande partie des femmes, certaines célèbres, d'autres anonymes, qui livrent de courts témoignages, qui racontent pêle-mêle les brimades, les réflexions, les regards, les agressions, les viols. Des faits survenus au travail, mais qui s'étendent aussi à l'enfance, à la famille, à la fac, à l'espace public. L'amoncellement de ces récits en quelques centaines de caractères montre que le harcèlement sexuel des femmes ne s'arrête pas à Hollywood ; il n'épargne aucune classe sociale, aucun milieu. [...] Les chiffres sont vertigineux : en trois mois, ce sont trois millions de tweets #MeToo qui sont recensés par Twitter. Chaque semaine, d'octobre à janvier, plus de 38 000 font référence au harcèlement sexuel. En un an, #BalanceTonPorc comptabilise 930 000 tweets ; #MeToo, 17,2 millions.