1. L'effet : [...] Avec des degrés divers dans la violence, il est rare que ne soit pas notée fortement
cette impression première produite par la vision de l'un sur l'autre, mutuelle ou non ; on multiplie les
termes d'intensité : surprise, éblouissement, saisissement, anéantissement... parfois dans leur version
négative : vertige, voire peur ou malaise ; c'est toujours la soudaineté d'un choc, d'une irruption,
d'une rupture. Si tous les auteurs n'endossent pas littéralement « le légendaire coup de foudre », l'effet
n'en est pas moins marqué, même s'il est parfois atténué, sous-jacent, censuré ou retardé. Sous une
forme ou une autre, on s'en passerait difficilement : il contient la charge affective qui propulse le récit
et porte la lecture.
2. L'échange : j'entends par là toute espèce de communication, entre les partenaires, d'un message qui
peut être manifeste ou latent, direct ou oblique, volontaire ou non ; c'est sur ce point qu'importent les
positions des héros l'un par rapport à l'autre, telles que la mise en place les a préalablement
déterminées. Selon que ces positions sont proches ou éloignées, libres ou séparées, l'échange se fera
par émission de paroles ou par production de signes non linguistiques : regards, gestes, mimiques,
attitudes, déplacements... Les indices peuvent être conscients ou non : pâleur, rougeur, larmes,
évanouissement, aphasie ou simple silence, regards enfin dont le « langage » le plus souvent
involontaire, est constamment invoqué par les auteurs.
3. Enfin, le franchissement, c'est-à-dire l'annulation de la distance qui est, par définition, toujours
interposée [...]. On comprend que sur ce troisième trait dynamique, les positions des acteurs soient
déterminantes aussi : proches ou lointains, séparés ou non par des écrans – qui peuvent être culturels
aussi bien que physiques – il leur sera plus ou moins aisé de se rapprocher.