Mon aventure dans l'espace n'a pas commencé le
18 novembre 2016, mais sept ans plus tôt ! Car vivre
196 jours à bord d'une station spatiale nécessite une
longue préparation, une formation solide pour acquérir
une foule de connaissances scientifiques et techniques
et développer des compétences telles que survivre en
milieu hostile ou partager un confinement dans des
conditions extrêmes. Avant de regarder de très loin
le monde, nous avons commencé à en faire le tour.
En Allemagne, nous avons reçu un enseignement
théorique multidisciplinaire et fait l'expérience de la
flottabilité dans l'espace par des séances de plongée
sous-marine. En Sardaigne, pour nous habituer à un
éventuel atterrissage dans une zone isolée et caniculaire,
nous avons passé exactement deux semaines sans aide
extérieure sous le soleil. En Russie, c'est le froid glacial
que nous avons expérimenté. En Italie, nous avons
testé la collaboration scientifique en milieu restreint
lors d'un stage de spéléologie : un genre de Loft ou
Friends sous terre… En Floride, nous avons vécu à
vingt mètres sous la mer dans l'habitat Aquarius,
et à Houston nous nous sommes familiarisés avec
les installations de l'ISS et nous avons perfectionné
notre capacité à évoluer dans un scaphandre.
Pour notre premier vol parabolique, nous sommes restés en
France, plus ou moins : à bord d'un Airbus modifié,
le Zéro-G, nous avons goûté une dizaine de minutes
de micropesanteur.
Ces sept ans d'activité pré-spatiales sont passées
vite, trop vite compte tenu des bonheurs que j'en
ai retirés. Sauf pour l'apprentissage des déclinaisons
russes qui m'ont valu quelques moments cocasses
d'immersion et d'incompréhension dans le pays.