Les échelles du temps. Les historiens utilisent une série de mesures pour se repérer dans le temps. Un millénaire est une période de mille ans : le premier millénaire après Jésus‑Christ va donc jusqu'à l'an mil, le deuxième millénaire jusqu'à l'an 2000. Les siècles désignent une durée de cent ans, nommée en se situant dans le siècle en cours. Par exemple, la fin de l'Empire romain en 476 se situe à la fin du V
e siècle, la prise de Constantinople en 1453 se situe à la moitié du XV
e siècle, etc. Pour entrer dans une chronologie plus fine, on utilise les décennies. Par exemple, les années 1870 désignent les années de 1870 à 1879. Quand on parle des « années 30 » ou des « années 80 » sans préciser le siècle, on fait généralement référence au XX
e siècle.
Cependant, des repères plus subjectifs existent aussi. On peut désigner le règne d'un roi comme une période cohérente : par exemple, on peut dire que la
Renaissance se développe « sous le règne de François I
er » (1515-1547). On peut également employer des
chrononymes qui renvoient à de grands événements : « l'entre‑deux‑guerres » désigne la période située entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale (1918‑1939), les années 1900‑1914 sont appelées « la Belle Époque ». Connaître ces expressions permet de se repérer dans l'histoire.
Le rôle des grandes coupures. En France, l'histoire est traditionnellement divisée en quatre grandes périodes, séparées entre elles par des événements jugés suffisamment importants pour entraîner des transformations profondes. L'Antiquité commence avec la naissance de l'écriture au IV
e millénaire av. J.‑C. et s'achève avec
. Le Moyen Âge dure jusqu'à la découverte de l'Amérique en 1492, qui marque le passage dans l'époque moderne. Enfin, l'époque contemporaine commence avec la
et se prolonge jusqu'à nous. Le choix de ces coupures est proprement français. Chaque pays adapte son calendrier et ses coupures historiques en fonction de son histoire (
).
Le poids des continuités. Ces divisions sont utilisées pour des raisons de commodité, mais de profondes continuités existent d'une période à l'autre. La fin de l'Antiquité et le début du Moyen Âge sont marqués par la disparition de l'Empire romain au profit des royaumes barbares. Mais ces deux périodes restent unies par un maintien de la langue latine, de la culture romaine et de la religion chrétienne (
).
De même, le début de l'époque moderne est marqué par la Renaissance, mais pour la majorité paysanne de la population, peu de choses changent : ils vivent dans ce que l'historien français Jacques Le Goff a appelé « un long Moyen Âge », qui s'étend jusqu'au XVIII
e siècle.
Enfin la Révolution française abolit la monarchie absolue et cherche à créer un régime nouveau, appuyé sur les idéaux de liberté et d'égalité. Cependant au XIX
e siècle se succèdent en France une restauration de la monarchie, deux empires et deux autres républiques (
). La République ne s'installe donc en France de manière pérenne qu'en 1870.
Les découpages chronologiques sont des outils utiles, mais l'histoire doit s'étudier sur la longue durée.