Français 4e

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Dire toutes les nuances de l'amour
Ch. 2
Roméo et Juliette, une tragédie amoureuse adaptée au cinéma
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Fiche méthode 1

Comment distinguer les registres littéraires ?

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Introduction
Les registres littéraires donnent une certaine tonalité à un texte : ils visent à faire éprouver des sentiments variés au lecteur.
Les principaux registres sont le comique, le tragique, le lyrique, le satirique, l'épique, le fantastique.
Une même œuvre peut avoir des passages de différents registres.
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A
Le registre comique

  • Il suscite le rire ou le sourire. On distingue le comique de gestes, de caractère, de situation et de mots.

  • Les principaux procédés comiques sont :
    • les effets de rupture, de décalage, de surprise ou d'exagération ;
    • la répétition de mots, de phrases, de situations ;
    • les quiproquos et jeux de mots...

  • Il existe de nombreuses nuances de registres comiques : l'ironie (qui consiste à se moquer en disant le contraire de ce que l'on veut faire comprendre), l'humour, la parodie...

Texte
TOINETTE. – Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.
ARGAN court après Toinette. – Ah ! insolente, il faut que je t'assomme.
TOINETTE, se sauve de lui. – Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.
ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main. – Viens, viens, que je t'apprenne à parler.
TOINETTE, courant, et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan. – Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.

Molière, Le Malade imaginaire, I, 5, 1673.
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B
Le registre satirique

  • Il se moque pour faire réfléchir.

  • Il s'attaque à quelqu'un ou quelque chose, le critique en n'hésitant pas à le ridiculiser pour faire réagir le lecteur, l'amuser, voire le faire rire.

Texte
Stanislas se regardait continuellement avec une sorte de satisfaction de haut en bas, en vérifiant le nombre des boutons de son gilet, en suivant les lignes onduleuses que dessinait son pantalon collant, en caressant ses jambes par un regard qui s'arrêtait amoureusement sur les pointes de ses bottes. Quand il cessait de se contempler ainsi, ses yeux cherchaient une glace, il examinait si ses cheveux tenaient la frisure ; il interrogeait les femmes d'un œil heureux en mettant un de ses doigts dans la poche de son gilet, se penchant en arrière et se posant de trois-quarts, agaceries de coq qui lui réussissaient dans la société aristocratique de laquelle il était le beau.

H. de Balzac, Illusions perdues, 1837-1843.
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C
Le registre tragique

  • Il met en scène des situations désespérées où un personnage, victime de la fatalité, est voué à la mort. Des forces pèsent sur lui, le dominent, ce qui suscite la compassion du lecteur.

  • Les principaux procédés tragiques sont :
    • l'utilisation du lexique de la fatalité, du désespoir, du malheur et de la mort ;
    • une ponctuation expressive (surtout les interrogations) ;
    • des figures des style d'opposition pour souligner les dilemmes ou l'impuissance (antithèse, voix passive...).

Texte
ROMÉO. – Ah ! chère Juliette, pourquoi es-tu si belle encore ? Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l'affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder ?... Horreur ! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit ; ici, ici, je veux rester avec ta chambrière, la vermine ! Oh ! c'est ici que je veux fixer mon éternelle demeure et soustraire au joug des étoiles ennemies cette chair lasse du monde...

W. Shakespeare, Roméo et Juliette, V, 3, 1597.
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D
Le registre lyrique

  • Il exalte des sentiments (joie, tristesse, espoir, amour...), souvent exprimés à la 1re personne du singulier.

  • Les principaux procédés lyriques sont :
    • le lexique des sentiments et des émotions ;
    •  la ponctuation expressive, les interjections (Hélas !) et apostrophes (Ô nuit...) ;
    • des figures de style comme l'anaphore, l'hyperbole, la métaphore...

Texte
Un éclair... puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

C. Baudelaire, « À une passante », Les Fleurs du mal, 1857
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E
Le registre épique

  • Il suscite l'admiration devant les exploits du héros et l'enthousiasme devant des actions collectives.

  • Les principaux procédés de l'épique sont :
    • l'utilisation du lexique du combat, de l'héroïsme, de l'exploit et du merveilleux ; 
    • les figures de l'amplification (pluriel, hyperboles, accumulation) ;
    • l'utilisation de singuliers collectifs (le peuple, la foule) ;
    • les images valorisantes et les superlatifs ; 
    • l'accumulation de verbes d'action ;
    • la personnification...

Texte
DON RODRIGUE. – Sous moi donc cette troupe s'avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !

Corneille, Le Cid, IV, 3, 1637.
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F
Le registre fantastique

  • Il correspond à l'irruption d'éléments surnaturels, de phénomènes inexpliqués et inquiétants dans un univers quotidien et banal.

  • Le lecteur doute avec le personnage principal et la fin du texte ne permet pas de trancher entre une explication réelle ou surnaturelle.

  • Les principaux procédés du fantastique sont :
    • le choix d'un point de vue narratif généralement interne, afin que le lecteur ait accès aux perceptions et hésitations du narrateur ;
    • le lexique de la peur ;
    • une ponctuation expressive (de nombreuses interrogatives et exclamatives) ;
    • l'emploi de modalisateurs et d'images visuelles ou sonores (comparaisons, métaphores) créant le doute et la peur.

Texte
Comme je m'arrêtais à regarder un Géant des batailles, qui portait trois fleurs magnifiques, je vis, je vis distinctement, tout près de moi, la tige d'une de ces roses se plier, comme si une main invisible l'eût tordue, puis se casser, comme si cette main l'eût cueillie ! Puis la fleur s'éleva, suivant une courbe qu'aurait décrite un bras en la portant vers une bouche, et elle resta suspendue dans l'air transparent, toute seule, immobile, effrayante tache rouge à trois pas de mes yeux.
Éperdu, je me jetai sur elle pour la saisir ! Je ne trouvai rien ; elle avait disparu.

G. de Maupassant, Le Horla, 1887.

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