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Philosophie Terminale

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SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 4
La raison
Ch. 5
La vérité
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 6
La science
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 16
La liberté
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
Biographies
Annexes
Chapitre 13
Exercices

Faire une objection à un auteur

En vue de l'explication

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Méthode
Faire une objection consiste à nuancer la thèse de l'auteur. Il ne s'agit pas d'« instruire à charge », ni d'« attaquer » le texte dans le but de montrer qu'il est mal fondé ou mal argumenté.

Pour faire une objection, il est possible de :

  • citer une autre philosophie dont les prémisses ou les développements divergent ;
  • utiliser une comparaison historique entre l'époque du texte et la nôtre ;
  • comparer des définitions d'un même concept pour montrer les écarts entre deux auteurs ;
  • analyser les bases du raisonnement pour en faire ressortir les présupposés ;
  • donner des exemples pertinents qui nuancent ceux de l'auteur.
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Textes

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Texte 10
Le mensonge peut‑il être moralement justifié ?

Une déviation même involontaire de la vérité a de grandes conséquences ; elle affaiblit la confiance qu'on accorde à la parole de l'homme, confiance sur laquelle est basé tout bien‑être social actuel, et dont l'insuffisance fait plus que toute autre chose pour retarder les progrès de la civilisation, de la vertu, de tout ce qui est la base du bonheur humain. Nous sentons que violer une règle d'une si grande utilité pour atteindre un avantage immédiat, n'est pas avantageux ; celui qui, pour sa convenance personnelle ou celle d'un autre, fait ce qu'il peut pour priver la société d'un bien et lui infliger un mal qui dépend du plus ou moins de confiance que mettent les hommes dans la parole les uns des autres, agit comme le pire de leurs ennemis. Cependant cette règle, même sacrée comme elle l'est, admet des exceptions connues de tous les moralistes. La principale est celle‑ci : quand l'empêchement d'un fait (comme la découverte d'un malfaiteur, ou l'annonce de mauvaises nouvelles à un malade dangereusement atteint) doit préserver quelqu'un (surtout autre que soi-même) d'un grand mal immérité, et que cet empêchement est seul possible par ce moyen, on peut mentir. Mais pour que cette exception ne s'étende pas, pour qu'elle affaiblisse le moins possible la confiance en la vérité, on doit chercher à connaître et à définir ses limites.
John Stuart Mill
L'utilitarisme. Essai sur Bentham, 1871, trad. P.-L. Le Monnier.
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Mill - XIXe siècle

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Texte 11
À qui le mensonge cause‑t‑il du tort ?

Être véridique dans les propos qu'on ne peut éluder, c'est là le devoir formel de l'homme envers chaque homme, quelle que soit la gravité du préjudice qui peut en résulter pour soi‑même ou pour autrui. Et même si, en falsifiant mon propos, je ne cause pas de tort à celui qui m'y contraint injustement, il reste qu'une telle falsification, qu'on peut nommer également pour cette raison un mensonge (même si ce n'est pas au sens des juristes), constitue, au regard de l'élément le plus essentiel du devoir en général, un tort : car je fais en sorte, autant qu'il est en mon pouvoir, que des propos (des déclarations) en général ne trouvent aucun crédit et, par suite, que tous les droits fondés sur des contrats deviennent caducs et perdent toute leur force ; ce qui est un tort causé à l'humanité en général.

 Donc, si on ne définit le mensonge que comme la déclaration (faite à autrui) qu'on sait n'être pas vraie, il n'est pas besoin d'y ajouter qu'il doive nuire à autrui, comme les juristes l'exigent de leur définition (« un mensonge est un discours faux qui nuit à autrui »). Car le mensonge nuit toujours à autrui : même s'il ne nuit pas à un autre homme, il nuit à l'humanité en général et rend vaine la source du droit.
Emmanuel Kant
D'un prétendu droit de mentir par humanité, 1797, trad. F. Proust, © Flammarion, 1994.
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Kant - XVIIIe siècle

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Texte 12
La vérité est un devoir circonstancié

Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s'il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu'a tirées de ce dernier principe un philosophe allemand qui va jusqu'à prétendre qu'envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime. […] L'idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre. Là où il n'y a pas de droit, il n'y a pas de devoirs. Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui.
Benjamin Constant
La France de l'an 1797, 1797.
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Constant - XIXe siècle

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Exercices

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Exercice 1

Texte 10.

a) Résumez le sens général de la doctrine utilitariste (voir Texte 2 ) : comment le bien est‑il défini ?

b) Quel sens donner au concept défini par le mot « avantageux » ici ?

c) Quelle règle sacrée Mill définit‑il ? Cherchez le sens de ce concept. Est‑il compatible avec une exception ?

d) Identifiez la réserve que Mill adresse à la fin du texte, concernant la thèse qu'il défend sur la possibilité de justifier le mensonge. En quoi cette réserve est-elle problématique pour l'utilitarisme en général ? Appuyez‑vous sur cette réponse et sur le texte de Kant pour formuler une remarque critique sur le texte de Mill.

e) Repérez les deux exemples que donne Mill pour justifier l'existence d'exceptions au devoir de véracité : réfléchissez à ce qu'ils peuvent avoir de discutable.
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Exercice 2

Texte 11.

a) Repérez les deux définitions du mensonge que Kant distingue dans le texte, et expliquez de quelle manière l'une englobe l'autre.

b) Quelle est la conséquence la plus grave de l'usage du mensonge pour Kant ? Vous pouvez vous appuyer sur le Texte 1
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Exercice 3

Texte 10, Texte 11.

Mill déclare que nous « sentons que violer une règle » est négatif, tandis que Kant invoque le « devoir formel » d'être véridique :

a) Expliquez en quoi ces deux formulations présentent une conception différente du problème moral du mensonge.

b) À partir de la conception kantienne, formulez une objection à l'encontre de la conception de Mill.
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Exercice 4

Texte 12.

a) Construisez une objection à Benjamin Constant en vous aidant du texte de Kant.

b) Listez les arguments qui vous pousseraient à mentir dans l'intérêt de l'autre.

c) Demandez à votre voisin de contredire vos arguments.
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