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Une gouvernance mondiale en construction
Le nouveau rôle de l'ONU. Débarrassée des blocages de la Guerre froide, l'ONU peut de nouveau œuvrer à la résolution des conflits. Elle bénéficie du soutien des États-Unis et de l'entente internationale propice au
multilatéralisme. La résolution 688 (5 avril 1991), au sujet des Kurdes dʼIrak, reconnaît même un
droit d'ingérence humanitaire qui justifie les interventions de plus en plus nombreuses des casques bleus. De 1988 à 1994, le nombre de casques bleus déployés dans le monde passe de 11 000 à près de 80 000. L'ONU émet autant de
résolutions durant la décennie 1990 qu'entre 1945 et 1990. Cette activité nourrit le discours du nouvel ordre mondial et alimente l'espoir d'une paix mondiale durable.
Une gouvernance économique mondiale mieux structurée. En 1994, les 125 pays membres du GATT achèvent le cycle de négociation de l'Uruguay et signent le traité de Marrakech (1994) qui donne naissance à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995. La
mondialisation s'accélère et bouleverse en profondeur les équilibres économiques nationaux et mondiaux. Pour peser davantage dans cette économie mondialisée, plusieurs États se regroupent dans des blocs économiques régionaux : la CEE devient l'Union européenne (1992), l'Association de libre-échange nord-américain est créée (ALENA, 1994), de même que le Marché commun du Sud (MERCOSUR, 1995), enfin l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) intègre la Chine, la Corée du Sud et le Japon à ses rencontres à partir de 1997.
L'apparition d'une gouvernance climatique. Les États membres de l'ONU commencent à prendre conscience du réchauffement climatique global. Ils se réunissent au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 et entament des négociations pour lutter contre les gaz à effet de serre. Ces dernières aboutissent à la signature du protocole de Kyoto en 1997, que les États‑Unis refusent de ratifier.
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La communauté internationale face aux crises
La « décennie des sanctions ». La communauté internationale, en particulier les États-Unis et plus encore l'Union européenne, multiplie les sanctions économiques et commerciales pour punir les pays accusés de mener une politique expansionniste ou de réprimer leurs populations. L'
embargo économique international permet ainsi d'obtenir la fin du régime d'Apartheid en Afrique du Sud en 1991. Mais il s'agit d'une exception et, en règle générale, les sanctions internationales s'avèrent peu efficaces.
Une mobilisation variable. Les espoirs du « nouvel ordre mondial » se heurtent parfois aux divisions et à la prudence de la communauté internationale. Ainsi, en ex‑Yougoslavie, la désunion de l'Union européenne pousse l'OTAN à intervenir. Aucun État nʼose sʼopposer à lʼintervention de la Russie en Tchétchénie : la
Realpolitik prend le dessus sur le multilatéralisme. Enfin, la communauté internationale hésite à intervenir dans des affaires qui semblent concerner surtout la vie politique intérieure des États : c'est par exemple le cas du conflit nord-irlandais au Royaume-Uni.
Une nouvelle justice internationale. L'ONU crée deux institutions temporaires pour juger les crimes de masse : le Tribunal pénal international pour l'ex‑Yougoslavie (1993-2015) et le Tribunal pénal international pour le Rwanda (1994-2017). La procureure générale
y joue un rôle central. Enfin, en 1998 est fondée à La Haye une institution permanente : la Cour pénale internationale (CPI). Mais les États-Unis, la Russie, Israël ou encore l'Iran refusent de reconnaître cette juridiction pénale universelle (
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