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Le retour des crimes de masse
Les guerres en ex‑Yougoslavie (1991-2001). La Yougoslavie est elle aussi touchée par l'effondrement du bloc de l'Est. Après la Slovénie et la Croatie en 1991, la Bosnie‑Herzégovine proclame son indépendance en 1992. Refusant cette nouvelle division qui met fin à son rêve de Grande Serbie orthodoxe, le président Milosevic choisit l'invasion. L'armée serbe assiège la capitale Sarajevo pendant trois ans et mène, notamment à Srebrenica, une
épuration éthique qui fait disparaître plus de 8 000 Bosniaques musulmans. Terminée en 1995 avec les accords de Dayton, la guerre est relancée en 1999 au Kosovo. Les bombardements de l'OTAN sur Belgrade conduisent rapidement à la capitulation définitive de la Serbie.
Le génocide des Tutsi (1994). D'avril à juillet 1994, après l'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana, entre 800 000 et 1 million de Tutsi sont exterminés par les Hutu au Rwanda. Préparé par un racisme construit de longue date, ce génocide est le plus important perpétré depuis 1945. La communauté internationale reste largement passive, refusant de reconnaître la nature génocidaire des violences. La France puis l'ONU finissent par intervenir (mission Turquoise et MINUAR 2), mais trop tard pour empêcher les massacres.
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La persistance dʼanciens conflits
Des guerres civiles. Les conflits interétatiques sont peu nombreux durant la décennie, ce qui alimente le discours du « nouvel ordre mondial ». Mais de nombreux États font face à des guerres civiles endémiques, extrêmement difficiles à endiguer et qui touchent souvent la population civile. C'est par exemple le cas de l'Afghanistan, du Sri Lanka (rébellion des « Tigres tamouls »), du Mali ou encore du Niger (rébellion des Touaregs à partir de 1990) (
).
La guerre en Tchétchénie. Autrefois intégré de force à l'URSS, le peuple tchétchène proclame son indépendance en 1991. L'armée russe mène deux opérations pour conserver ses frontières, entre 1994 et 1996 puis entre 1999 et 2000. Elle bombarde la capitale Grozny pour faire plier les combattants tchétchènes, qui répondent par la
guérilla et les attentats. Prise en étau, la population civile subit cette
guerre asymétrique.
Le retour des guerres civiles dans le centre et la Corne de l'Afrique. Les enjeux nationalistes, religieux et économiques se combinent pour relancer plusieurs fronts : guerre civile en Éthiopie, effondrement et division de la Somalie, guerre civile en République démocratique du Congo, etc.
L'échec d'Oslo. Les espoirs de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne sont rapidement fragilisés. L'assassinat de Rabin par un extrémiste juif en 1995, la reprise de la colonisation, la construction d'un mur de séparation et les divisions palestiniennes enterrent les accords. Le cycle de la violence reprend : seconde Intifada en 2000, attentats‑suicides palestiniens, opérations de l'armée israélienne, etc.