Après avoir montré la difficulté de définir la notion de justice dans le livre I et expliqué pourquoi l'occasion a malheureusement été donnée aux sophistes, de ce fait, d'institutionnaliser l'injustice au service des plus forts sous la forme d'une illusion de justice avec les lois cyniques, Platon expose dans les livres II à IV la façon dont devront être choisis les futurs gardiens de l'État. Il apparaît alors que non seulement leur naturel doit être exceptionnel, mais qu'ils doivent subir un entraînement exigeant de manière à réaliser la totalité du potentiel que l'on pressent en eux. Capacité à s'élever vers les idées les plus abstraites, volonté de les traduire en principes réellement opérants et capables d'instituer des pratiques et comportements conformes à l'idéal contemplé, exercice de la justice sans attendre quoi que ce soit en retour : les attentes sont nombreuses et pour partie, contradictoires. Dans les livres VI et VII, il montre pourquoi il faut attendre d'un homme qui a contemplé l'idée du Bien et compris à quel point la réalité ne lui est pas conforme, qu'il accepte de se consacrer à redresser les faits, au risque de ne jamais être compris. Cet homme exceptionnel, il s'agit non seulement de savoir l'identifier, mais aussi, de l'entretenir dans ces bonnes dispositions, de l'éduquer, voire de le préparer au sacrifice qui l'attend, qu'il lui faudra comprendre et accepter. Ces qualités se retrouveront alors en lui comme dans le reste de la cité, qu'elles organiseront comme elles organisent son âme.