Tout le monde était debout ; il y avait de jeunes personnes montées sur des chaises, et attachées aux barreaux de la grille ; et il se faisait un profond silence, lorsque celui qui présidait à ma profession me dit : « Marie-Suzanne Simonin, promettez-vous de dire la vérité ?
– Je le promets.
– Est-ce de votre plein gré et de votre libre volonté que vous êtes ici ? »
Je répondis : « Non » ; mais celles qui m'accompagnaient répondirent pour moi : « Oui ».
« Marie-Suzanne Simonin, promettez-vous à Dieu chasteté1, pauvreté et obéissance ? »
J'hésitai un moment ; le prêtre attendit ; et je répondis :
« Non, Monsieur. »
II recommença :
« Marie-Suzanne Simonin, promettez-vous à Dieu chasteté,
pauvreté et obéissance ? »
Je lui répondis d'une voix plus ferme :
« Non, Monsieur, non. »
Il s'arrêta et me dit : « Mon enfant, remettez-vous et
écoutez-moi.
– Monsieur, lui dis-je, vous me demandez si je promets à
Dieu chasteté, pauvreté et obéissance ; je vous ai bien entendu, et je vous réponds que non... »
Et me tournant ensuite vers les assistants2, entre lesquels il s'était élevé un assez grand murmure, je fis signe que je voulais parler ; le murmure cessa et je dis :
« Messieurs, et vous surtout mon père et ma mère, je vous
prends tous à témoin... »
À ces mots une des sœurs laissa tomber le voile de la grille,
et je vis qu'il était inutile de continuer. Les religieuses m'entourèrent, m'accablèrent de reproches ; je les écoutai sans
mot dire. On me conduisit dans ma cellule, où l'on m'enferma
sous la clef3.
Abstinence sexuelle volontaire.
Personnes qui assistent à la cérémonie.
À clef.