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Charlotte Delbo

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Henri Barbusse

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Patrick Modiano

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Louis-Ferdinand Céline

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Primo Levi

Repères historiques

Représenter la guerre : Otto Dix

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Carte d'identité

Origine

Les témoins des grandes tragédies du XX^e siècle, qu'ils soient écrivains, écrivaines ou simples soldats, écrivent pour raconter la guerre. Les productions littéraires sont de formes variées.

Notions-clés

Témoignage, fiction, dire l'indicible, roman autobiographique, biographie, dystopie.

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Première Guerre mondiale : du témoignage...

En 1914, la plupart des soldats sont alphabétisés. Séparés de leurs proches, nombreux sont ceux qui écrivent quotidiennement des lettres ou des journaux intimes, pour mettre des mots sur les horreurs qu'ils vivent mais aussi pour remplir la vie souvent ennuyeuse dans les tranchées. En 1918, le fait d'avoir vécu la guerre en tant que combattants leur donne une légitimité : beaucoup d'entre eux publient leurs carnets de guerre, leurs lettres ou leurs poèmes de tranchée, qui rencontrent un immense succès populaire et qui sont récompensés par des prix littéraires. La littérature de l'après-guerre a avant tout une valeur testimoniale.

Texte A

Si nous, combattants, nous pouvions peindre notre guerre avec assez de vérité et d'art pour que les hommes de demain, nous lisant, éprouvent mentalement des souffrances assez identiques à celles que nous avons éprouvées réellement, alors le problème de la paix permanente serait résolu, la guerre deviendrait impossible, non pas matériellement, bien mieux : impossible à concevoir, à accepter dans l'esprit.

Jean Norton Cru,

Témoins, 1929.

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… à la fiction

Cette littérature de guerre soulève des enjeux littéraires. Les mots peuvent-ils exprimer l'horreur de la guerre ? Les écrivains combattants ne peuvent-ils que témoigner de ce qu'ils ont vécu ? Ou peuvent-ils être créateurs et imaginer des fictions ? Dans les années 1920 et 1930 paraissent de nombreux romans ayant pour cadre la Grande guerre. Le témoignage est fictionnalisé : dans Voyage au bout de la nuit, par exemple, Céline dénonce, à travers les yeux de son double Bardamu, l'enfer et l'absurdité de la guerre. Dans Le Grand Troupeau, Giono met en parallèle des scènes de la vie au front et des scènes de village qui montrent l'angoisse des femmes qui attendent le retour de leur mari et de leurs fils.

Doc. 1
Christopher Nevinson, Retour aux tranchées

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Christopher Nevinson, Retour aux tranchées, 1914, huile sur toile, 51 x 77 cm, musée national du Canada, Ottawa.

La guerre seule parle bien de la guerre. La grande épouvante seule fait pleinement comprendre ce qu'est une véritable âme de soldat.
― Pierre-Alexis Muenier, L'Angoisse de Verdun, 1918.

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La Seconde Guerre mondiale : multiplication des formes

Journaux intimes Des victimes de la guerre, notamment des adolescentes juives comme Anne Frank ou Hélène Berr, racontent leur vie quotidienne et couchent sur le papier leurs réflexions poignantes. Ces adolescentes n'écrivaient pas pour être lues. Leur témoignage possède un intérêt historique majeur et suscite l'émotion, la plupart d'entre elles n'étant pas revenues des camps.

Témoignages personnels Après la guerre, des rescapé(e)s témoignent de leur vie dans les camps de concentration, mais aussi de leur difficulté à dire l'indicible. Dans Si c'est un homme, Primo Levi s'interroge sur la nature de l'existence humaine après la Shoah. Ces témoignages visent à révéler les horreurs des camps, mais aussi à faire réfléchir. Des hommes politiques, comme De Gaulle et Churchill, publient leurs Mémoires, afin de montrer le rôle qu'ils ont joué dans l'Histoire.

Fiction Des résistants, comme Joseph Kessel ou Vercors, mais aussi des civils, comme Irène Némirovsky, font de la Résistance et de l'Occupation la matière première de leurs romans. D'autres, comme Gary, s'inspirent plus directement de leur propre expérience : La Promesse de l'aube, publié en 1960, est considéré comme un roman autobiographique, c'est-à-dire une fiction très fortement inspirée par la vie de l'auteur.

Biographie En 1952, Robert Merle crée la polémique en se glissant dans les pensées du commandant d'Auschwitz afin de réaliser son autobiographie fictive, La mort est mon métier. Patrick Modiano crée une nouvelle forme romanesque, à la frontière entre l'enquête et la biographie : avec Dora Bruder (1997), il part sur les traces d'une adolescente juive disparue à Paris en 1942.

Dystopie Certains écrivains étaient enfants pendant la guerre, et n'en ont donc que de vagues souvenirs. Georges Perec choisit de combler le manque de souvenirs liés à la disparition de ses parents par une forme hybride : W ou le Souvenir d'enfance mêle dystopie totalitaire et récit autobiographique de son enfance.

Texte B

Dans cet article, la journaliste s'interroge sur la possibilité d'une littérature de fiction sur la Shoah.

Sur ce sujet, la fiction serait disqualifiée, voire déplacée. Le reproche revient comme une antienne. Que l'on pense seulement aux polémiques suscitées par Les Bienveillantes de Jonathan Littell ou par Jan Karski de Yannick Haenel. Pourtant, la littérature est bien une autre façon d'accomplir le devoir de mémoire, de lutter mot à mot contre l'oubli ou l'indifférence. Alors que les voix des derniers témoins directs s'éteignent, elle est peut-être même la seule à pouvoir prendre le relais et transmettre leur histoire.

Élisabeth Philippe

« Comment écrire aujourd'hui autour de la Shoah ? », Les Inrockuptibles, 26 août 2011.

[U]n écrivain est marqué d'une manière indélébile par sa date de naissance et par son temps, même s'il n'a pas participé d'une manière directe à l'action politique, même s'il donne l'impression d'être un solitaire, replié dans ce qu'on appelle « sa tour d'ivoire ».
― Patrick Modiano, Discours de réception du prix Nobel de littérature, 2014.

Les récits de guerre

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