Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
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Chapitre 1.9
Texte A
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Edmond et Jules de Goncourt, Germinie Lacerteux (1865)

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Texte

Germinie Lacerteux retrace le destin tragique d'une bonne (une servante), pauvre et maltraitée par la vie. Trahie par les hommes, ruinée, ayant perdu son enfant, elle sombre dans la déchéance.

Dans la torture de cette vie, où elle souffrait mort et passion, Germinie, cherchant à étourdir les horreurs de sa pensée, était revenue au verre qu'elle avait pris un matin des mains d'Adèle et qui lui avait donné toute une journée d'oubli. De ce jour, elle avait bu. Elle avait bu à ces petites lichades1 matinales des bonnes de femmes entretenues2. Elle avait bu avec l'une, elle avait bu avec l'autre. Elle avait bu avec des hommes qui venaient déjeuner chez la crémière ; elle avait bu avec Adèle qui buvait comme un homme et qui prenait un vil plaisir à voir descendre aussi bas qu'elle cette bonne de femme honnête.

D'abord, elle avait eu besoin, pour boire, d'entrainement, de société, du choc des verres, de l'excitation de la parole, de la chaleur des défis ; puis bientôt, elle était arrivée à boire seule. C'est alors qu'elle avait bu dans le verre à demi plein, remonté sous son tablier et caché dans un recoin de la cuisine ; qu'elle avait bu solitairement et désespérément ces mélanges de vin blanc et d'eau‑de‑vie qu'elle avalait coup sur coup jusqu'à ce qu'elle y eût trouvé ce dont elle avait soif : le sommeil. [...]

Dormir de ce sommeil écrasant, rouler, le jour, dans cette nuit, cela était devenu pour elle comme la trêve et la délivrance d'une existence qu'elle n'avait plus le courage de continuer ni de finir. Un immense besoin de néant, c'était tout ce qu'elle éprouvait dans l'éveil. Les heures de sa vie qu'elle vivait de sang‑froid, en se voyant elle‑même, en regardant dans sa conscience, en assistant à ces hontes, lui semblaient si abominables ! Elle aimait mieux les mourir. Il n'y avait plus que le sommeil au monde pour lui faire tout oublier, le sommeil congestionné de l'Ivrognerie qui berce avec les bras de la Mort.

Là, dans ce verre, qu'elle se forçait à boire et qu'elle vidait avec frénésie, ses souffrances, ses douleurs, tout son horrible présent allait se noyer, disparaitre. [...]« Je bois mes embêtements » avait‑elle répondu à une femme qui lui avait dit qu'elle s'abimerait la santé à boire. Et comme dans les réactions qui suivaient ses ivresses, il lui revenait un plus douloureux sentiment d'elle‑même, une désolation et une détestation plus grandes de ses fautes et de ses malheurs, elle cherchait des alcools plus forts, de l'eau‑de‑vie plus dure, elle buvait jusqu'à de l'absinthe3 pure pour tomber dans une léthargie4 plus inerte, et faire plus complet son évanouissement à toutes choses.

Elle finit par atteindre ainsi à des moitiés de journée d'anéantissement, dont elle ne sortait qu'à demi éveillée avec une intelligence stupéfiée, des perceptions émoussées, des mains qui faisaient des choses par habitude, des gestes de somnambule, un corps et une âme où la pensée, la volonté, le souvenir semblaient avoir encore la somnolence et le vague des heures confuses du matin.
Chapitre 33.
1. Gueuletons, repas gras et arrosés d'alcool (fam.).
2. Femmes qui profitent de l'argent de leurs amants.
3. Alcool très fort.
4. Torpeur, somnolence.
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Doc.

Edgar Degas, Dans un café ou
L'Absinthe, 1875-1876, huile
sur toile, 92 × 68 cm, musée
d'Orsay, Paris
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Edgar Degas, Dans un café ou L'Absinthe, 1875‑1876, huile sur toile, 92 × 68 cm, musée d'Orsay, Paris.
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Questions

1. En quoi cet extrait constitue‑t‑il une analyse de l'alcoolisme ?

2.
Grammaire
Analysez l'expression de la négation dans la phrase soulignée.
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