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Introduction

Les mentors de Rimbaud

Destinataires des lettres du jeune Rimbaud, ces hommes ont jalonné son cheminement poétique, contribuant ainsi à l'avènement du poète prodige.
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Georges Izambard (1848-1931)

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Jeune professeur de rhétorique nommé au collège de Charleville en 1870, Izambard remarque vite Arthur Rimbaud et lui fait lire les auteurs les plus récents, dont le proscrit Victor Hugo. Il encourage son élève à écrire, devenant ainsi son premier lecteur. On peut encore lire aujourd'hui
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Question 1

Quel est le rôle de Georges Izambard dans le parcours poétique de Rimbaud ?
Question 2
Pour aller plus loin
Lisez une autre lettre de Rimbaud à Izambard. Quel regard Rimbaud porte-t-il ici sur son ancien professeur ?
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Texte

Charleville, le 2 novembre 1870.
Monsieur,
[...] Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. Que voulez-vous, je m'entête affreusement à adorer la liberté libre, et... un tas de choses que « ça fait pitié », n'est-ce pas ? – Je devais repartir aujourd'hui même ; je le pouvais : j'étais vêtu de neuf, j'aurais vendu ma montre, et vive la liberté ! – Donc je suis resté ! je suis resté ! – et je voudrai repartir encore bien des fois. – Allons, chapeau, capote, les deux poings dans les poches, et sortons ! – Mais je resterai, je resterai. Je n'ai pas promis cela. Mais je le ferai pour mériter votre affection : vous me l'avez dit. Je la mériterai. [...]
Lettre d'Arthur Rimbaud à Georges Izambard.
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Texte numérique

Cher Monsieur !

Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m'avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière1. — Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement2 entretenir ; je déterre d'anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me paie en bocks3 et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius4. — je me dois à la Société, c'est juste, — et j'ai raison. — Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd'hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire5, — pardon ! — le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n'a rien fait, n'ayant rien voulu faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j'espère, — bien d'autres espèrent la même chose, — je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! — je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris — où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.

Maintenant, je m'encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de mots. —

Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent6 sur ce qu'ils ignorent tout à fait ! Vous n'êtes pas Enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C'est de la fantaisie, toujours. — Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni — trop — de la pensée :

Mon triste cœur bave à la poupe…

Ça ne veut pas rien dire. — Répondez-Moi : chez M. Deverrière, pour A. R.
Bonjour de cœur,
Art. Rimbaud.
Arthur Rimbaud
Lettre à Georges Izambard, 13 mai 1871.

1. Ornière : ici, trace, habitude.
2. Cyniquement de manière provocante, insolente.
3. Bocks : verres de bière.
4. Stat mater dolorosa, dum pendet filius : citation abrégée et adaptée d'un hymne catholique, signifiant ici “la mère se tient, douloureuse, tandis que son fils pend”.
5. Râtelier universitaire : cadre universitaire.
6. Ergotent : contredisent avec des arguments non valables.
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Paul Demeny (1850-1917)

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Originaire de Douai, poète et co-éditeur de la Librairie artistique, Demeny rencontre Rimbaud lors de sa première fugue, par l'intermédiaire d'Izambard. Rimbaud ne l'apprécie guère en tant que poète mais s'adresse à lui en tant qu'éditeur, lui confiant les manuscrits de ses vingt-deux poèmes qu'il lui demandera de brûler en 1871. Demeny sera aussi le destinataire de la célèbre lettre dite « du Voyant » ().
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Brûlez, je le veux, et je crois que vous respecterez ma volonté comme celle d'un mort, brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai.
Lettre d'Arthur Rimbaud à Paul Demeny, 10 juin 1871.
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Question 3

 Comment expliquer le revirement de Rimbaud ?
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Théodore de Banville (1823-1891)

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Rimbaud adresse trois poèmes à Banville, chef de file du mouvement parnassien qui prône « l'art pour l'art », la création de la beauté pour elle-même, sans aucun engagement politique. Les poètes parnassiens, que Rimbaud appelle « seconds romantiques », rejettent le lyrisme et se délectent de l'érudition et des mots savants en jouant avec les codes du langage qui permet de recréer le monde.
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Texte

14 juillet 1871.
Monsieur et cher Maître,
Vous rappelez-vous avoir reçu de province, en juin 1870, cent ou cent cinquante hexamètres mythologiques intitulés « Credo in unam » ? Vous fûtes assez bon pour répondre !
C'est le même imbécile qui vous envoie les vers ci-dessus, signés Alcide Bava. – Pardon.
J'ai dix huit ans. – J'aimerai toujours les vers de Banville. L'an passé je n'avais que dix-sept ans !
Ai-je progressé ?
ALCIDE BAVA / A. R.
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Question 4

Expliquez l'appellation « seconds romantiques ».
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