Français 3e

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Nouveauté 2021
Chapitre 2bis
Texte et image

La lettre J

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Texte
« Nous étions inconscients. »

La ségrégation des Juifs de France, sous le régime de Vichy, commença en octobre 1940 avec l'interdiction d'exercer certaines professions. Quelques mois plus tard, il fut exigé que les Juifs se déclarent aux autorités, en zone occupée et en zone libre. Ce recensement de la population juive servit à la préparation des rafles.

Le 9 septembre 1943, la Gestapo débarquait en force à Nice, avant même les troupes allemandes. Ses services s'installaient à l'hôtel Excelsior, en plein centre-ville, et déclenchaient sans coup férir1 la chasse aux Juifs que les Italiens2 avaient refusé de mettre en œuvre. Les arrestations massives commencèrent aussitôt. Elles étaient conduites par Aloïs Brunner, déjà célèbre à Vienne, Berlin et Salonique, avant de diriger le camp de Drancy. Ma meilleure amie, camarade de lycée et éclaireuse3 comme moi, fut ainsi arrêtée dès le 9 septembre, ainsi que ses parents. Je devais apprendre plus tard qu'ils avaient été gazés à leur arrivée à Auschwitz-Birkenau.

À compter de cette date, les choses ont radicalement changé pour les Juifs français, alors que peu d'arrestations avaient eu lieu précédemment. Nos papiers d'identité devaient désormais porter la lettre J4 . J'ai senti le danger de cette mesure avant le reste de la famille, et voulu m'opposer à ce tampon. Mais, comme lorsqu'il s'était agi d'aller se déclarer aux autorités, nous avons subi la mesure avec un mélange de résignation, de légalisme et, je dois le dire, de fierté. Nous ignorions de quel prix il nous faudrait bientôt payer cette franchise. Dès les premières arrestations, nous avons compris. Le temps n'était plus à assumer ce que nous étions.
Il fallait au contraire tenter de se noyer dans la nasse5 anonyme, de devenir, autant que possible, invisibles.

En ce début de septembre 1943, mes deux sœurs participaient encore à un camp de cheftaines6 . Notre père, très inquiet, et à bon escient, les a prévenues de la situation en leur recommandant de ne pas regagner Nice. Denise a suivi ce conseil, et rapidement rejoint le mouvement de résistance Franc-Tireur dans la région lyonnaise, mais Milou est rentrée. Elle ne voulait pas abandonner son travail, qui contribuait à faire vivre la famille. Convaincus des dangers, mes parents ont alors décidé de faire front en se procurant de fausses cartes d'identité. Puis nous nous sommes éparpillés, mes parents chez un ancien dessinateur de mon père, des gens simples et généreux qui leur ont tout de suite offert l'hospitalité. Par la suite, pendant toute la durée de notre déportation, ils allaient héberger ma grand-mère, venue nous rejoindre. Milou et moi logions dans le même immeuble, chez d'anciens professeurs ; elle chez son professeur de chimie, moi chez un professeur de lettres. Mon frère Jean était hébergé ailleurs, par un troisième couple. Avec cette dispersion, munis de fausses cartes d'identité, nous nous imaginions à l'abri. Ma sœur continuait à travailler. Je poursuivais mes cours au lycée et n'hésitais pas à sortir en ville avec mes camarades. Disons-le sans détour : nous étions inconscients.
Simone Veil
Une jeunesse au temps de la Shoah, chapitre II : « La nasse » © Stock, 2007.
1. Sans rencontrer de résistance.
2. Les Italiens de Mussolini avaient envahi une partie du sud-est de la France ; ils occupaient Nice.
3. Scout.
4. En Allemagne, depuis 1938, les passeports des Juifs allemands étaient également tamponnés du J de Juden (Juif).
5. Long panier de pêche. « Être dans la nasse » signifie aussi « être dans un piège ».
6. Responsables d'unités de scouts.
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Doc 1

Placeholder pour Christian Guémy (C215), portrait de Simone Jacob, adolescente, 2019, pochoirs sur une boîte aux lettres (Paris).Christian Guémy (C215), portrait de Simone Jacob, adolescente, 2019, pochoirs sur une boîte aux lettres (Paris).

Christian Guémy (C215), portrait de Simone Jacob, adolescente, 2019, pochoirs sur une boîte aux lettres (Paris).
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Doc 2

Placeholder pour Felix Nussbaum, Autoportrait au passeport juifFelix Nussbaum, Autoportrait au passeport juif

Felix Nussbaum, Autoportrait au passeport juif, 1943, huile sur toile, 56 × 49 cm (Felix-Nussbaum Haus, Osnabrück, Allemagne).
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Supplément numérique

Retrouvez un , daté du 20 juin 1942, et une du gouvernement de Vichy.
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Questions

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Compréhension

1. Résumez les mesures prises par la famille pour échapper à la Gestapo.

2. Relisez le premier paragraphe et relevez les expressions décrivant l'action de la Gestapo. Qu'en déduisez-vous sur le but qu'elle poursuit ?

3. Image 2 Après avoir décrit l'arrière-plan et la tenue du personnage au centre du tableau, proposez une hypothèse sur la situation dans laquelle il se trouve.
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Langue

9. Quels sont les temps de conjugaison les plus employés par Simone Veil dans le premier paragraphe ? Pourquoi a-t-elle fait ce choix () ?
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Écriture

10. Écrivez une lettre que Simone Veil envoie à une amie, dans laquelle elle lui raconte que sa famille s'est déclarée juive aux autorités alors qu'elle avait « senti le danger de cette mesure » (l. 13-14) (15 lignes).
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Analyse et interprétation

4. Lisez le deuxième paragraphe : quelles sont les trois raisons qui poussent la famille de Simone Veil à accepter de se déclarer juive aux autorités ? Expliquez chacune d'entre elles avec vos propres mots.

5. Image 2
a.
Quels éléments permettent d'identifier le personnage à la place de son nom effacé ?

b. Qu'a voulu dire le peintre à propos de l'identité des Juifs pendant cette période ?

6. « Il fallait au contraire tenter de se noyer dans la masse » (l. 18-19). L'expression habituelle est « se noyer dans la masse ». Qu'a voulu exprimer l'autrice en détournant cette formule à propos de sa situation ?

7. a. Quelles solidarités ont d'abord permis à la famille de Simone Veil d'échapper aux arrestations ?

b. Image 2 Comment cet espoir pourrait-il être représenté sur le tableau ?

8. Comment l'autrice met-elle en valeur le fait qu'il était insensé de se croire en sécurité ?
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