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La rose est à la fois un produit et un marqueur de la mondialisation des échanges. Ce bien périssable est en effet chaque jour transporté à des milliers de kilomètres de son lieu de production pour être vendu dans plus d'une centaine de pays. Au Kenya, sa culture fournit près de 83 % des exportations d'un secteur floricole qui assure la troisième source de devises après le thé et le tourisme. Cette spécialisation économique joue par ailleurs un rôle social majeur en employant quelque 90 000 personnes, majoritairement des femmes.
La rosiculture kenyane est née de l'investissement d'entreprises étrangères qui ont valorisé trois types d'atouts : la présence d'une main-d'œuvre bon marché, un libéralisme économique favorable à l'installation malgré les risques d'instabilité politique et la corruption, ainsi que d'exceptionnelles conditions naturelles. Ces atouts ont favorisé le développement d'une agriculture intensive sous serre qui vise un haut niveau de productivité avec 6 à 7 floraisons par an permettant de satisfaire une demande rythmée par le calendrier des fêtes (Saint-Valentin, fête des mères...). Ce modèle productif tourné vers l'exportation n'a pu prospérer sans une organisation logistique performante. Une fois la cueillette effectuée, s'engage une course contre le temps. Les roses sont triées, effeuillées, emballées dans des boîtes, puis transportées par camions frigorifiques jusqu'à l'aéroport de Nairobi où elles sont ensuite expédiées par avion vers des hubs logistiques et redistribuées par camion pour se retrouver idéalement en moins de 72 heures dans les foyers des consommateurs.