Afghanistan : après les erreurs,
les questions douloureuses
[...] Le président américain Joe Biden, en décrétant un retrait militaire d'Afghanistan avant le vingtième anniversaire du 11-Septembre, met ainsi fin à une double erreur. D'une part, les Occidentaux n'avaient aucune raison de se déployer en Afghanistan en 2002, l'année suivant la victoire des forces antitalibanes : on n'occupe pas militairement un pays où il n'y a
plus d'ennemi à combattre1. D'autre part, leur présence même a servi d'aimant aux talibans pour reprendre le combat, alimentant une guerre civile afghane qui n'existait plus fin 2001.
La décision de M. Biden est donc difficilement contestable. Il est, depuis que George W. Bush a lancé les guerres d'Afghanistan et d'Irak, le troisième président américain élu sur une promesse de mettre un terme aux « guerres sans fin » de l'Amérique. Il accomplit ce que Barack Obama puis Donald Trump avaient entamé sans aller au bout du processus. Il
entérine2 non seulement le fait que cette guerre était ingagnable [...] mais surtout qu'une présence militaire étrangère ne se justifie en
rien dans ce conflit entre Afghans.
Maintenant que les talibans ont reconquis Kaboul et vont exercer le pouvoir, il ne reste que des questions, douloureuses... L'interrogation principale porte évidemment sur le sort des Afghans, qui vont vivre pour la seconde fois sous le règne des islamistes radicaux. On peut craindre le pire pour les civils, les femmes, les fonctionnaires, qui ont cru, depuis deux décennies, en un pays différent. Le précédent règne taliban, de 1996 à 2001, fut une horreur absolue pour les Afghans.