Dans cet extrait, il est question du parcours scolaire de Samira née en 1970 en Algérie, dont le père a émigré en France en 1971 pour être ouvrier dans le bâtiment. Après une scolarité dans le collège de son quartier, Samira entre dans un lycée de centre-ville.
Dans ce nouveau lycée de centre-ville, elle fait connaissance avec un monde nouveau et étrange, la bourgeoisie locale. [...] Elle est vivement impressionnée par la « beauté » (un mot qui revient souvent dans sa bouche) des lieux et des personnes, comme elle le confesse dans notre premier entretien :
« Je ne sais pas comment vous dire… [elle hésite] Ah ! J'admirais leur savoir-vivre. Je trouve qu'ils parlaient bien, qu'ils parlaient lentement, enfin, pas fort… En plus, j'avais un ami à l'époque qui était vraiment bourgeois catho, quoi ! Alors il vouvoyait ses parents, tout ça… [...] »
Samira découvre aussi les codes vestimentaires des filles de la bourgeoisie locale (les coupes au carré, les manteaux style loden, etc.). C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'elle coupe sa longue tresse de cheveux noirs et, un peu plus tard, qu'elle se les teint légèrement. C'est aussi une période — le lycée — où la tension entre les normes en vigueur dans sa famille et celles qui ont cours dans cet établissement bourgeois de centre-ville est la plus forte.