Aujourd'hui, chacun de ces quartiers affiche une entreprise phare de la tech. [...] Plus fort encore que la Silicon Valley, lancée grâce aux contrats publics et notamment militaires, « la Silicon Alley new‑yorkaise a émergé ex‑nihilo », explique Sébastien Laye, dont la société, Laye Holdings, conseille des fonds d'investissement. Un tour de force, puisqu'à première vue – à première seulement – les conditions d'un tel phénomène n'étaient guère réunies. Pas d'université spécialisée dans la technologie ici [...], c'est Wall Street qui domine. Pas de coup de pouce des autorités fédérales, pas de surfaces de bureaux bon marché, pas de poids lourds du secteur qui auraient pu faire un appel d'air. Et pourtant… New York est la ville de la publicité, des créatifs, des spécialistes du marketing, du design, de la mode, des médias. « C'est l'ADN de New York. C'est sur cela que se sont appuyés les entrepreneurs de la Silicon Alley », poursuit S. Laye. À ces compétences nécessaires pour l'émergence de start-up nouvelle génération se sont ajoutées celle d'ingénieurs et de « techies » aspirés d'abord par Wall Street – et rejetés ensuite. [...] L'argent [...] vient surtout de quelques pionniers du Web, qui, une fois leur affaire vendue, ont réinvesti sur place. [...] Enfin, dernier élément du cocktail, « l'art de faire rêver », propre à New York [qui] cherche, concrètement, à dynamiser l'entreprenariat dans le secteur, en installant un « tech campus » sur Roosevelt Island [...]. C'est sans doute là l'ultime clé du succès new‑yorkais. La ville qui ne dort jamais, qui offre une vie sociale et culturelle sans égale.