Sur le continent européen, il nous reste encore à nous assurer que les objectifs simples et honorables pour lesquels nous sommes entrés en guerre ne seront pas brutalement mis de côté ou négligés au cours des mois qui vont suivre notre succès, que les mots « liberté », « démocratie » et « libération » ne seront pas déformés et garderont leur sens vrai, celui que nous leur attribuons. À quoi servirait de punir les hitlériens pour leurs crimes, si le règne de la loi et de la justice ne s'établissait pas, si des gouvernements totalitaires ou policiers devaient prendre la place des envahisseurs allemands ? Nous ne recherchons rien pour nous‑mêmes. Mais nous devons nous assurer que les causes pour lesquelles nous nous sommes battus seront dûment reconnues à la table de la paix aussi bien en faits qu'en paroles, et par-dessus tout nous devons travailler pour que l'Organisation mondiale que les Nations unies sont en train de créer à San Fransisco, ne soit pas un vain mot, ne devienne pas un écran pour le fort et une dérision pour le faible. C'est aux vainqueurs d'interroger leur cœur en leurs heures de gloire pour se montrer dignes, par leur noblesse, des immenses forces dont ils disposent.