Le Chœur, plus animé. – Ah ! je souffre des maux sans nombre. Tout
mon peuple est en proie au fléau, et ma pensée ne possède pas d'arme qui
nous permette une défense. Les fruits de ce noble terroir ne croissent plus
à la lumière, et d'heureuses naissances ne couronnent plus le travail qui
arrache des cris aux femmes. L'un après l'autre, on peut voir les Thébains,
pareils à des oiseaux ailés, plus prompts que la flamme indomptable,
se précipiter sur la rive où règne le dieu du Couchant. Et la Cité se meurt
en ces morts sans nombre. Nulle pitié ne va à ses fils gisant sur le sol :
ils portent la mort à leur tour, personne ne gémit sur eux. Épouses,
mères aux cheveux blancs, toutes de partout affluent au pied des
autels, suppliantes, pleurant leurs atroces souffrances. Le péan1
éclate,
accompagné d'un concert de sanglots. Sauve-nous, fille éclatante de Zeus,
dépêche-nous ton secours radieux.
1. Péan : hymne entonné en l'honneur d'un ou plusieurs dieux.