L'Union européenne face au défi du Brexit

La réalité s'impose aujourd'hui aux étudiants du Royaume-Uni avec « l'accord de commerce et de coopération » agréé le 24 décembre par Londres et Bruxelles : Erasmus, pour eux, c'est fini. Ils n'en bénéficieront plus pour aller étudier à l'étranger, pas plus que les universités britanniques n'en bénéficieront pour accueillir les étudiants de l'Union européenne. […] Véritable machine à intégration européenne, Erasmus, créé en 1987 pour les étudiants et étendu aux apprentis en 1995, est le programme le plus populaire de l'UE, mais aussi l'une de ses réalisations les plus concrètes et les plus réussies. […] L'abandon d'Erasmus est très controversé au Royaume-Uni, en particulier dans les universités […]. Mais le contrecoup de la décision britannique est également négatif pour les étudiants de l'UE, traditionnellement attirés par les universités britanniques.

L'Union européenne comptait jusqu'ici deux puissances nucléaires, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, deux armées capables de se projeter sur des théâtres d'opérations extérieurs. Le départ du Royaume-Uni laisse désormais la France seule dans cette position, principale force militaire sur un continent en pleine incertitude stratégique. […]
Outre leur appartenance commune à l'OTAN, Paris et Londres sont liés par une série d'accords, qui ont culminé avec le traité dit de Lancaster House, en 2010. Ces accords ont une dimension opérationnelle - des hélicoptères britanniques volent aujourd'hui au Sahel avec les forces françaises -, et une dimension industrielle, avec la fabrication en commun de missiles ou de drones.

Et si les papiers ne sont pas en ordre ? Trois postes-frontières ont été construits ces trois derniers mois par les autorités britanniques. Faute de place à Douvres, bloquée par les falaises, et pour éviter de boucher les routes locales, ils ont été placés très en amont sur la route. « On veut s'assurer que les camions qui n'ont pas les documents nécessaires ne s'approchent pas [du port] », explique Michael Gove, le ministre britannique chargé des préparatifs pour un « no deal¹ ».
Une fois les démarches faites, les camions pourront finalement prendre le ferry et arriver du côté français. Là aussi, du port de Dunkerque au tunnel sous la Manche, l'État s'est préparé à un « no deal » avec la mise en place d'un plan d'action de près de 40 millions d'euros présenté en août 2018 par le Premier ministre Edouard Philippe. Outre l'embauche de 300 douaniers chargés de faire face au déluge de formalités liées à l'import et à l'export, une frontière dite « intelligente » a été mise en place. Le dispositif numérique proposé repose sur trois principes : anticipation, identification et automatisation, par le système de code-barres.