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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
Langue
Outils d’analyse
Méthode
Annexes
Révisions
Chapitre 1.5
Débat littéraire
La querelle des Anciens et des Modernes
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Le contexte
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Depuis la Renaissance, les auteurs de l'Antiquité sont des
modèles pour toute la création artistique. La querelle des
Anciens et des Modernes débat de l'exemplarité de ces modèles.
Au XVIIe siècle commence un débat sur les tragédies chrétiennes : dans Polyeucte (1641) de Corneille, le héros brave la mort pour devenir chrétien. Selon le dramaturge, le christianisme, que les auteurs antiques ne connaissaient pas, a sa place dans la littérature. D'autres écrivains, comme Boileau dans son Art poétique en 1674, pensent que les tragédies doivent s'appuyer sur la mythologie antique.
Mais la querelle atteint son paroxysme lorsqu'à l'Académie française Perrault lit son poème Le Siècle de Louis le Grand, dans lequel il ose comparer le siècle de Louis XIV à celui d'Auguste, célèbre empereur romain.
La querelle représente donc aussi un enjeu politique. Les Modernes, en déclarant la supériorité de Louis XIV sur les empereurs romains, participent à la propagande royale. Mais l'image du Roi‑Soleil bénéficie aussi de ses liens avec la mythologie antique, soutenue par les Anciens.
Au XVIIe siècle commence un débat sur les tragédies chrétiennes : dans Polyeucte (1641) de Corneille, le héros brave la mort pour devenir chrétien. Selon le dramaturge, le christianisme, que les auteurs antiques ne connaissaient pas, a sa place dans la littérature. D'autres écrivains, comme Boileau dans son Art poétique en 1674, pensent que les tragédies doivent s'appuyer sur la mythologie antique.
Mais la querelle atteint son paroxysme lorsqu'à l'Académie française Perrault lit son poème Le Siècle de Louis le Grand, dans lequel il ose comparer le siècle de Louis XIV à celui d'Auguste, célèbre empereur romain.
La querelle représente donc aussi un enjeu politique. Les Modernes, en déclarant la supériorité de Louis XIV sur les empereurs romains, participent à la propagande royale. Mais l'image du Roi‑Soleil bénéficie aussi de ses liens avec la mythologie antique, soutenue par les Anciens.
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Doc. 1Charles Perrault
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Sur ce portrait, Perrault porte l'habit de conseiller du roi. Derrière lui, la bibliothèque est composée de livres d'auteurs antiques (Homère, Virgile, Cicéron) et de traités d'architecture de la Renaissance. Il tient dans sa main des poèmes d'Horace, auteur latin, les plans du château de Versailles et de l'Observatoire de Paris (dont il a supervisé les chantiers), un compas, un luth et une tête de satyre, créature mythologique.
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Les protagonistes de la querelle
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Rapidement, deux camps se forment : celui des Anciens,
qui défendent la supériorité des auteurs antiques, et celui
des Modernes, qui se battent pour une reconnaissance des
œuvres nouvelles et plus adaptées à leur époque. Finalement,
les Modernes l'emportent.
| LES ANCIENS | LES MODERNES |
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Texte A
C'est par ces mots que commence le poème de Perrault,
intitulé « Le Siècle de Louis le Grand », qui fit scandale.
1. À adorer comme on adore un dieu.
2. Louis XIV
3. Empereur pendant l'apogée de l'Empire romain.
La belle Antiquité fut toujours vénérable ;
Mais je ne crus jamais qu'elle fût adorable1.
Je vois les Anciens, sans plier les genoux ;
Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous ;
Et l'on peut comparer, sans craindre d'être injuste,
Le siècle de Louis2 au beau siècle d'Auguste3.
Mais je ne crus jamais qu'elle fût adorable1.
Je vois les Anciens, sans plier les genoux ;
Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous ;
Et l'on peut comparer, sans craindre d'être injuste,
Le siècle de Louis2 au beau siècle d'Auguste3.
2. Louis XIV
3. Empereur pendant l'apogée de l'Empire romain.
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Questions
1.
Effectuez une recherche sur la vie de Charles Perrault.
Comment a‑t‑il participé à la vie artistique, littéraire et
politique de son époque ?
2. Texte A. Perrault rejette‑t‑il les auteurs antiques ? Expliquez votre réponse.
2. Texte A. Perrault rejette‑t‑il les auteurs antiques ? Expliquez votre réponse.
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Les arguments du débat
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La querelle pose la question de la création littéraire. Doit‑on privilégier l'imitation des Anciens et respecter les règles théoriques
qu'ils ont énoncées ? Ou faut‑il s'adapter à son époque et proposer des œuvres originales ? Peut‑il y avoir un progrès dans la
création littéraire, comme il y a un progrès scientifique ?
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ANCIENS
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Texte BL'imitation
Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille
ans qu'il y a des hommes, et qui pensent. [...] Tout l'esprit d'un
auteur consiste à bien définir et à bien peindre. Moïse, Homère,
Platon, Virgile, Horace, ne sont au‑dessus des autres écrivains
que par leurs expressions et par leurs images. Il faut exprimer le
vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement.
On a dû faire du style ce qu'on a fait de l'architecture : on a entièrement abandonné l'ordre gothique que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples ; on a rappelé le dorique, l'ionique et le corinthien1 ; ce qu'on ne voyait plus que dans les ruines de l'ancienne Rome et de la vieille Grèce [...] éclate dans nos portiques et dans nos péristyles. De même on ne saurait, en écrivant, rencontrer le parfait, et, s'il se peut, surpasser les Anciens2 que par leur imitation.
On a dû faire du style ce qu'on a fait de l'architecture : on a entièrement abandonné l'ordre gothique que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples ; on a rappelé le dorique, l'ionique et le corinthien1 ; ce qu'on ne voyait plus que dans les ruines de l'ancienne Rome et de la vieille Grèce [...] éclate dans nos portiques et dans nos péristyles. De même on ne saurait, en écrivant, rencontrer le parfait, et, s'il se peut, surpasser les Anciens2 que par leur imitation.
2. Les auteurs antiques.
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Texte EImiter mais pas répéter
Quelques imitateurs, sot bétail, je l'avoue,
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue1 ;
J'en use d'autre sorte ; et, me laissant guider,
Souvent à marcher seul2 j'ose me hasarder.
On me verra toujours pratiquer cet usage ;
Mon imitation n'est point un esclavage :
Je ne prends que l'idée, et les tours et les lois,
Que nos maîtres suivaient eux‑mêmes autrefois.
Si d'ailleurs quelque endroit plein chez eux d'excellence,
Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,
Je l'y transporte, et veux qu'il n'ait rien d'affecté,
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue1 ;
J'en use d'autre sorte ; et, me laissant guider,
Souvent à marcher seul2 j'ose me hasarder.
On me verra toujours pratiquer cet usage ;
Mon imitation n'est point un esclavage :
Je ne prends que l'idée, et les tours et les lois,
Que nos maîtres suivaient eux‑mêmes autrefois.
Si d'ailleurs quelque endroit plein chez eux d'excellence,
Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,
Je l'y transporte, et veux qu'il n'ait rien d'affecté,
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.
2. À écrire sans imiter les auteurs antiques.
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MODERNES
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Texte CLe progrès
Tout art n'est composé que des secrets divers,
Qu'aux hommes curieux l'usage a découverts,
Et cet utile amas des choses qu'on invente,
Sans cesse, chaque jour, ou s'épure1, ou s'augmente ;
Ainsi, les humbles toits de nos premiers aïeux,
Couverts négligemment de joncs et de glaïeux2,
N'eurent rien de pareil en leur architecture,
À nos riches palais d'éternelle structure.
Qu'aux hommes curieux l'usage a découverts,
Et cet utile amas des choses qu'on invente,
Sans cesse, chaque jour, ou s'épure1, ou s'augmente ;
Ainsi, les humbles toits de nos premiers aïeux,
Couverts négligemment de joncs et de glaïeux2,
N'eurent rien de pareil en leur architecture,
À nos riches palais d'éternelle structure.
2. Plantes.
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Texte DL'égalité naturelle
La nature a entre les mains une certaine pâte qui est
toujours la même, qu'elle tourne et retourne sans cesse en
mille façons et dont elle forme les hommes, les animaux,
les plantes ; et certainement elle n'a point formé Platon,
Démosthène ni Homère d'une argile plus fine ni mieux
préparée que nos philosophes, nos orateurs et nos poètes
d'aujourd'hui.
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Texte FLa chronologie
Les Anciens ont tout inventé, c'est sur ce point que leurs
partisans triomphent ; donc ils avaient beaucoup plus d'esprit
que nous : point du tout. Mais ils étaient avant nous.
J'aimerais autant qu'on les vantât sur ce qu'ils ont bu les
premiers l'eau de nos rivières, et que l'on nous insultât sur ce
que nous ne buvons plus que leurs restes. Si l'on nous avait
mis en leur place, nous aurions inventé ; s'ils étaient en la
nôtre, ils ajouteraient à ce qu'ils trouveraient inventé ; il n'y
a pas là grand mystère.
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Questions
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Comprendre
3. Texte B, Texte C, Texte D, Texte E et Texte F.
a. Quels sont les arguments des Anciens ?
b. Quels sont les arguments des Modernes ?
S'approprier
4.
Débat
Julia Kristeva écrit : « Tout texte est absorption et transformation d'un
autre texte » (1969). Peut‑on vraiment s'affranchir de la tradition pour proposer une œuvre radicalement nouvelle ?
Enregistreur audio
5.
Argumentation
À l'aide d'une application comme Texting Story, recréez la querelle
en imaginant les messages que Perrault et Boileau pourraient s'envoyer.
Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?
Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.
Oups, une coquille
j'ai une idée !
Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais
YolèneÉmilieJean-PaulFatimaSarah