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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 1.5
Texte 2

Madame de Sévigné, Lettres (1648-1696)

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Texte

Audio

Crédits : Marion Le Moign/Lelivrescolaire.fr

Mme de Sévigné adresse une grande partie de sa correspondance à sa fille, Mme de Grignan.

Vous me demandez, ma chère enfant, si j'aime toujours bien la vie. Je vous avoue que j'y trouve des chagrins cuisants ; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d'avoir à finir tout ceci par elle, que si je pouvais retourner en arrière, je ne demanderais pas mieux. Je me trouve dans un engagement1 qui m'embarrasse : je suis embarquée dans la vie sans mon consentement ; il faut que j'en sorte, cela m'assomme. Et comment en sortirai‑je ? Par où ? Par quelle porte ? Quand sera‑ce ? En quelle disposition ? Souffrirai‑je mille et mille douleurs, qui me feront mourir désespérée ? Aurai‑je un transport au cerveau ? Mourrai‑je d'un accident ? Comment serai‑je avec Dieu ? Qu'aurai‑je à lui présenter ? La crainte, la nécessité, feront-elles mon retour vers lui ? N'aurai‑je aucun autre sentiment que celui de la peur ? Que puis‑je espérer ? Suis‑je digne du paradis ? Suis‑je digne de l'enfer ? Quelle alternative ! Quel embarras ! Rien n'est si fou que de mettre son salut dans l'incertitude ; mais rien n'est si naturel, et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre. Je m'abîme dans ces pensées, et je trouve la mort si terrible, que je hais plus la vie parce qu'elle m'y mène, que par les épines qui s'y rencontrent. Vous me direz que je veux vivre éternellement. Point du tout ; mais si on m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice : cela m'aurait ôté bien des ennuis, et m'aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément ; mais parlons d'autre chose.
Je suis au désespoir que vous ayez eu Bajazet2 par d'autres que par moi. C'est ce chien de Barbin3 qui me hait, parce que je ne fais pas des Princesses de Clèves et de Montpensier4. Vous en avez jugé très juste et très bien, et vous aurez vu que je suis de votre avis. [...] Le personnage de Bajazet est glacé ; les mœurs des Turcs y sont mal observées ; ils ne font point tant de façons pour se marier ; le dénouement n'est point bien préparé : on n'entre point dans les raisons de cette grande tuerie. Il y a pourtant des choses agréables ; et rien de parfaitement beau, rien qui enlève, point de ces tirades de Corneille qui font frissonner. Ma fille, gardons‑nous bien de lui comparer Racine, sentons-en la différence. [...] Racine fait des comédies5 pour la Champmeslé6 : ce n'est pas pour les siècles à venir. Si jamais il n'est plus jeune, et qu'il cesse d'être amoureux, ce ne sera plus la même chose. Vive donc notre vieil ami Corneille ! Pardonnons‑lui de méchants vers, en faveur des divines et sublimes beautés qui nous transportent : ce sont des traits de maître qui sont inimitables. Despréaux7 en dit encore plus que moi ; et en un mot, c'est le bon goût : tenez‑vous‑y.
Lettre du 16 mars 1672, adressée à Mme de Grignan, orthographe modernisée.
1. Situation.
2. Tragédie de Racine.
3. Éditeur.
4. Œuvres de Mme de La Fayette.
5. Ici, terme dépréciatif pour désigner les tragédies du jeune Racine, grand rival de Corneille. La comédie était considérée comme un genre moins noble que la tragédie.
6. Célèbre tragédienne dont Racine était amoureux.
7. Le poète et critique Boileau-Despréaux, dit Boileau (voir ).
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Doc. 

Placeholder pour Portrait de la marquise
de SévignéPortrait de la marquise
de Sévigné
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Portrait de la marquise de Sévigné par un artiste inconnu, vers 1670, huile sur toile, 101 x 87 cm, château de Versailles.
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Questions

1. Montrez comment cette lettre, tour à tour grave et légère, mime le naturel de la conversation.

2.
Grammaire
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