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Carte d'identité
Origine
En Allemagne, au XVIIIe siècle le mouvement politique et littéraire « Sturm und Drang » (tempête et passion) est une révolution littéraire qui initie le romantisme européen. L'atmosphère inquiétante du gothique anglais du XVIIIe siècle influence aussi la naissance du romantisme.
Contexte
Le romantisme est un mouvement européen, particulièrement important en Angleterre, en Allemagne, en France et en Pologne. En France, il débute en réaction à la Révolution française et aux conquêtes napoléoniennes avec les romans de Chateaubriand et de Madame de Staël (1802) et s'achève avec ceux de Hugo (années 1860).
Notions-clés
Sensibilité, mal du siècle, « moi » exacerbé, Moyen Âge, Orient, pittoresque, engagement.
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Sensibilité et exacerbation du « moi »
Certains artistes pré‑romantiques du XVIIIe siècle comme Rousseau ou Bernardin de Saint‑Pierre revalorisent la sensibilité comme moyen d'accéder à une autre forme de connaissance du monde.
Le romantisme prône le primat des émotions sur la raison, contrairement au classicisme et aux Lumières. Il met en valeur les passions, c'est‑à‑dire les sentiments forts, comme l'amour ou le désespoir.
Les romantiques mettent l'expression de leur sensibilité personnelle au cœur de leurs oœuvres : dans les récits, l'influence autobiographique est fortement présente même si elle n'est pas toujours explicitée.
Texte A
François Rabelais, Pantagruel
Le premier chef‑d'œuvre du genre est le René de Chateaubriand (1802), portrait d'un héros qui ressemble étrangement à l'auteur, peinture, plutôt qu'histoire, d'une âme inquiète et mélancolique, mais dont la mélancolie est ardente et passionnée, image presque définitive du héros romantique, isolé dans la société, tourmenté par des passions sans objet, vivant dans un monde de rêves auprès desquels la réalité ne peut paraître que fade ou odieuse.
Philippe Van Thieghem
Le Romantisme français, Éditions PUF, 1999.
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Mal du siècle
Dans La Confession d'un enfant du siècle, Musset décrit le « mal du siècle » qui ronge la génération romantique des années 1830.
Nés à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, les romantiques ont à peine connu les grands bouleversements de la Révolution française et ont grandi avec les conquêtes de Napoléon : la chute de ce dernier leur laisse un monde en ruines, sans gloire. Ils sont nostalgiques du passé et expriment une profonde mélancolie.
Le malaise des romantiques naît de la confrontation de leurs idéaux avec le monde réel, vécu comme une déception.
Les romantiques se voient alors comme des génies qui se heurtent à l'incompréhension de la société.
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Un attrait pour la différence, l'inconnu, la marginalité
Comme les romantiques ne se sentent pas à leur place dans la société de leur époque, ils la fuient de différentes façons : l'évocation du passé, l'imaginaire et le voyage. L'isolement dans la nature leur permet de méditer et d'exprimer leurs sentiments.
Avec son roman historique Notre‑Dame de Paris, Hugo transporte son lecteur au Moyen Âge, une période alors mal aimée de l'Histoire et revalorisée par les romantiques.
L'Orient fascine les romantiques, si bien que le voyage en Orient devient un véritable rite de passage romantique, permettant de se confronter à l'altérité. Les récits de voyage de Goethe, Nerval ou Chateaubriand sont aussi une manière de revenir aux sources de la civilisation. Les ruines sont prétextes à la méditation sur le passage du temps. Mais l'Orient est bien souvent fantasmé et les romantiques en transmettent une vision occidentalo‑centrée : c'est ce qu'on appelle l'orientalisme.
Incompris par la société, les romantiques s'intéressent particulièrement aux figures étranges, monstrueuses, rejetées. Ainsi, dans L'Homme qui rit, Hugo prend comme personnage principal un jeune garçon défiguré dans son enfance et exposé comme bête de foire.
Enfin, Hugo développe la veine engagée des récits romantiques en mettant en lumière des personnages issus de classes sociales défavorisées : Les Misérables est l'un des plus grands succès du XIXe siècle. Le romancier romantique prend la défense des opprimés.
Texte B
François Rabelais, Pantagruel
Si le fait de voyager n'est pas en soi novateur au XIXe, ni en pratique ni en littérature […], la constitution du voyage en genre littéraire par les romantiques l'est. [L]'écriture obéit de plus en plus à une série d'attendus, à l'obligation de la scène à faire : description de fêtes religieuses, portraits de femmes orientales, le marché, la sortie de la mosquée, etc. […]
Si les représentations de l'Orient donnent l'impression de s'appauvrir et de tendre à la reproduction de clichés, [le voyage] reste néanmoins, pour beaucoup de voyageurs, le support d'une démarche d'introspection, de retour sur soi. La fonction documentaire est donc souvent reléguée au second plan pour le lecteur moderne, plus intéressé par l'autoportrait du voyageur.
Isabelle Safa
« Itinéraire de Paris à Jérusalem : Orient et orientalisme dans la littérature », Les Cahiers de l'Orient, 2015.