Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 1.7
Texte A
Exclusivité numérique

Victor Hugo, Les Misérables (1862)

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Texte

Jean Valjean, un ancien forçat libéré du bagne, a recueilli une pauvre orpheline surnommée Cosette. Ensemble, ils se sont installés à Paris où ils mènent une existence paisible. Un matin, ils croisent la cadène, la chaine des prisonniers condamnés au bagne.

Brusquement, le soleil parut ; l'immense rayon de l'orient jaillit, et l'on eût dit qu'il mettait le feu à toutes ces têtes farouches1. Les langues se délièrent ; un incendie de ricanements, de jurements et de chansons fit explosion. La large lumière horizontale coupa en deux toute la file, illuminant les têtes et les torses, laissant les pieds et les roues dans l'obscurité. Les pensées apparurent sur les visages ; ce moment fut épouvantable ; des démons visibles à masques tombés, des âmes féroces toutes nues. Éclairée, cette cohue resta ténébreuse. Quelques‑uns, gais, avaient à la bouche des tuyaux de plume d'où ils soufflaient de la vermine sur la foule, choisissant les femmes ; l'aurore accentuait par la noirceur des ombres ces profils lamentables ; pas un de ces êtres qui ne fût difforme à force de misère ; et c'était si monstrueux qu'on eût dit que cela changeait la clarté du soleil en lueur d'éclair. [...]

Toutes les détresses étaient dans ce cortège comme un chaos ; il y avait là l'angle facial de toutes les bêtes, des vieillards, des adolescents, des crânes nus, des barbes grises, des monstruosités cyniques, des résignations hargneuses, des rictus sauvages, des attitudes insensées, des groins coiffés de casquettes, des espèces de têtes de jeunes filles avec des tire‑bouchons sur les tempes, des visages enfantins et, à cause de cela, horribles, de maigres faces de squelettes auxquelles il ne manquait que la mort. On voyait sur la première voiture un nègre qui, peut‑être, avait été esclave et qui pouvait comparer les chaines. L'effrayant niveau d'en bas, la honte, avait passé sur ces fronts : à ce degré d'abaissement, les dernières transformations étaient subies par tous dans les dernières profondeurs ; et l'ignorance changée en hébétement2 était l'égale de l'intelligence changée en désespoir. Pas de choix possible entre ces hommes qui apparaissaient aux regards comme l'élite de la boue. Il était clair que l'ordonnateur quelconque de cette procession immonde ne les avait pas classés. Ces êtres avaient été liés et accouplés pêle‑mêle, dans le désordre alphabétique probablement, et chargés au hasard sur ces voitures. Cependant des horreurs groupées finissent toujours par dégager une résultante ; toute addition de malheureux donne un total ; il sortait de chaque chaine une âme commune, et chaque charretée3 avait sa physionomie. À côté de celle qui chantait, il y en avait une qui hurlait ; une troisième mendiait ; on en voyait une qui grinçait des dents ; une autre menaçait les passants, une autre blasphémait Dieu ; la dernière se taisait comme la tombe. Dante4 eût cru voir les sept cercles de l'enfer en marche.
Partie IV, Livre 3, chapitre 8, « La cadène ».
1. Sauvages, féroces.
2. Abrutissement.
3. Contenu d'une charrette (dans laquelle se trouvent les bagnards).
4. Auteur de La Divine Comédie, dont le premier volume s'intitule L'Enfer.
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Doc.

Placeholder pour Vincent Van Gogh, La Cour de la prison, 1890Vincent Van Gogh, La Cour de la prison, 1890
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Vincent Van Gogh, La Cour de la prison, 1890, huile sur toile, 80 x 64 cm, Pushkin Museum, Moscou.
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Questions

1. Comment cette description rend‑elle compte de la misère humaine ?

2.
Grammaire
Dans la phrase soulignée, explicitez le lien logique : tranformez le participe passé en subordonnée circonstancielle, que vous analyserez.
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