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Repères - Histoire
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Chapitre 2.4
Texte 3

Madame de Sévigné, Lettres (1675)

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Texte

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Crédits : Lelivrescolaire.fr

Madame de Sévigné adresse cette lettre à son cousin.

À Bussy‑Rabutin
À Paris, ce mardi 6e août 1675.

Je ne vous parle plus du départ de ma fille, quoique j'y pense toujours, et que je ne puisse jamais bien m'accoutumer à vivre sans elle. Mais ce chagrin ne doit être que pour moi.

Vous me demandez où je suis, comment je me porte, et à quoi je m'amuse. Je suis à Paris, je me porte bien, et je m'amuse à des bagatelles. Mais ce style est un peu laconique ; je veux l'étendre. Je serais en Bretagne, où j'ai mille affaires, sans les mouvements1 qui la rendent peu sûre. Il y va quatre mille hommes commandés par M. de Forbin. La question est de savoir l'effet de cette punition. Je l'attends, et si le repentir prend à ces mutins2 et qu'ils rentrent dans leur devoir, je reprendrai le fil de mon voyage, et j'y passerai une partie de l'hiver.

J'ai eu bien des vapeurs3, et cette belle santé, que vous avez vue si triomphante, a reçu quelques attaques dont je me suis trouvée humiliée, comme si j'avais reçu un affront.

Pour ma vie, vous la connaissez aussi. On la passe avec cinq ou six amies dont la société plaît, et à mille devoirs à quoi l'on est obligé, et ce n'est pas une petite affaire. Mais ce qui me fâche, c'est qu'en ne faisant rien les jours se passent, et notre pauvre vie est composée de ces jours, et l'on vieillit, et l'on meurt. Je trouve cela bien mauvais. Je trouve la vie trop courte. À peine avons‑nous passé la jeunesse que nous nous trouvons dans la vieillesse. Je voudrais qu'on eût cent ans d'assurés, et le reste dans l'incertitude. Ne le voulez-vous pas aussi ? Mais comment pourrions‑nous faire ? Ma nièce sera de mon avis, selon le bonheur ou le malheur qu'elle trouvera dans son mariage. Elle nous en dira des nouvelles, ou elle ne nous en dira pas. Quoi qu'il en soit, je sais bien qu'il n'y a point de douceur, de commodité, ni d'agrément que je ne lui souhaite dans ce changement de condition. J'en parle quelquefois avec ma nièce la religieuse ; je la trouve très agréable et d'une sorte d'esprit qui fait fort bien souvenir de vous. Selon moi, je ne puis la louer davantage.

Au reste, vous êtes un très bon almanach4. Vous avez prévu en homme du métier tout ce qui est arrivé du côté de l'Allemagne, mais vous n'avez pas vu la mort de M. de Turenne5, ni ce coup de canon tiré au hasard, qui le prend seul entre dix ou douze. Pour moi, qui vois en tout la Providence6, je vois ce canon chargé de toute éternité ; je vois que tout y conduit M. de Turenne, et je n'y trouve rien de funeste pour lui, en supposant sa conscience en bon état. Que lui faut‑il ? il meurt au milieu de sa gloire. Sa réputation ne pouvait plus augmenter. Il jouissait même en ce moment du plaisir de voir retirer les ennemis, et voyait le fruit de sa conduite depuis trois mois. Quelquefois, à force de vivre, l'étoile7 pâlit. Il est plus sûr de couper dans le vif, principalement pour les héros, dont toutes les actions sont si observées.
Lettres choisies de Mme de Sévigné, Édition Capmas, 1876.
1. La révolte des Bonnets rouges contre la hausse des taxes.
2. Révoltés, manifestants.
3. Malaises.
4. Ici, auteur de pronostics.
5. Maréchal qui avait remporté de grands succès militaires.
6. L'effet de la volonté de Dieu.
7. La bonne étoile.
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Placeholder pour Franciscus Gysbrechts, Vanité au
crâne (détail)Franciscus Gysbrechts, Vanité au
crâne (détail)

Franciscus Gysbrechts, Vanité au crâne (détail), vers 1677, musée des Beaux‑Arts de Rennes.
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Éclairage

Le XVIIe siècle est aussi appelé le « siècle d'or de la correspondance » à cause de la place essentielle qu'occupaient les lettres dans les échanges de l'époque. Celles de Madame de Sévigné sont lues dans les cercles littéraires. Très travaillées, elles offrent également des réflexions culturelles, politiques et morales.
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Questions

1. Montrez comment des réflexions profondes s'insèrent dans la conversation mondaine.

2.
Grammaire
Analysez les propositions subordonnées relatives dans la phrase soulignée.
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