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Chapitre 2.4
Texte B

Jacques‑Bénigne Bossuet, Oraisons funèbres (1689)

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Texte

Henriette d'Angleterre, belle‑sœur de Louis XIV, est morte brusquement à 26 ans, en 1670. Bossuet, évêque, est chargé de prononcer son oraison funèbre.

Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorants de leurs destinées ! [...] Princesse, le digne objet de l'admiration de deux grands royaumes, n'était‑ce pas assez que l'Angleterre pleurât votre absence, sans être encore réduite à pleurer votre mort ? Et la France, qui vous revit, avec tant de joie, environnée d'un nouvel éclat, n'avait‑elle plus d'autres pompes1 et d'autres triomphes2 pour vous, au retour de ce voyage fameux, d'où vous aviez remporté tant de gloire et de si belles espérances3 ?

Vanité des vanités, et tout est vanité4 ! C'est la seule parole qui me reste ; c'est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur.

Aussi n'ai‑je point parcouru les livres sacrés pour y trouver quelque texte que je pusse appliquer à cette princesse. J'ai pris, sans étude et sans choix, les premières paroles que me présente l'Écclésiaste, où, quoique la vanité ait été si souvent nommée, elle ne l'est pas encore assez à mon gré pour le dessein que je me propose. Je veux dans un seul malheur déplorer toutes les calamités du genre humain, et dans une seule mort faire voir la mort et le néant de toutes les grandeurs humaines. [...]

Non, après ce que nous venons de voir, la santé n'est qu'un nom, la vie n'est qu'un songe5, la gloire n'est qu'une apparence, les grâces et les plaisirs ne sont qu'un dangereux amusement : tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités, et le jugement arrêté qui nous fait mépriser tout ce que nous sommes. [...]

Considérez, Messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas. Pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir. Leur élévation en est la cause ; et il les épargne si peu, qu'il ne craint pas de les sacrifier à l'instruction du reste des hommes. Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour nous donner une telle instruction. Il n'y a rien ici de rude pour elle, puisque, comme vous le verrez dans la suite, Dieu la sauve6 par le même coup qui nous instruit.

Nous devrions être assez convaincus de notre néant : mais s'il faut des coups de surprise à nos cœurs enchantés7 de l'amour du monde, celui‑ci est assez grand et assez terrible. Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d'un mal si étrange, on accourut à Saint‑Cloud8 de toutes parts ; on trouve tout consterné, excepté le cœur de cette princesse. Partout on entend des cris ; partout on voit la douleur et le désespoir, et l'image de la mort. Le Roi, la Reine, Monsieur9, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré [...].
Oraison funèbre prononcée à Saint Denis le 21 aout 1670 ; orthographe modernisée.
1. Fêtes somptueuses.
2. Dans l'Antiquité, fête célébrant les victoires.
3. Allusion à un voyage diplomatique important qu'elle avait accompli auprès du roi d'Angleterre.
4. Citation de la Bible (Ecclésiaste 1 :2).
5. Référence au titre d'une célèbre pièce baroque de Calderón de la Barca, dont vous pouvez découvrir .
6. La fait entrer au paradis.
7. Trompés par un charme magique.
8. Palais de la famille royale.
9. Frère du roi.
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Éclairage

Le thème de la vanité est récurrent dans les œuvres baroques et chez les moralistes. Dans une perspective religieuse, il désigne la fragilité et la futilité de la vie terrestre, à la laquelle il ne faut pas accorder trop d'importance car elle n'est qu'un passage : la « vraie vie », éternelle, est celle après la mort.

Cette idée est souvent exprimée par cette citation de la Bible : « Vanité des vanités, tout est vanité », ainsi que par la formule latine « memento mori » : souviens‑toi de la mort (que tu es mortel).

En peinture, une vanité est une représentation symbolique de cette idée ()
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Questions

1. Montrez comment Bossuet, à travers cette oraison funèbre, transmet une leçon religieuse.

2.
Grammaire
Analysez l'interrogation dans la phrase soulignée.
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