À décréter par l'Assemblée nationale dans ses dernières séances
ou dans celle de la prochaine prochaine législature1.
PRÉAMBULE2
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation,
demandent d'être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, [elles] ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables3 et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social4, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et
incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles5, reconnait et déclare, en présence et sous les auspices6 de l'Être suprême7, les droits suivants de la femme et de la citoyenne.
1. Du prochain mandat de l'Assemblée législative.
2. Pour comparer le texte de Gouges avec la
Déclaration des droits de l'homme
et du citoyen, voir
.
3. Fondamentaux, dont l'être humain ne peut être privé (voir ►
).
4. De la société.
5. Les souffrances liées à l'accouchement.
6. La protection.
7. Opposés aux religions traditionnelles, certains philosophes des Lumières (notamment d'Alembert, Voltaire et Rousseau) ont défendu des formes de culte déiste à l'Être suprême, le créateur du monde, et le déisme est en vogue parmi les révolutionnaires. Sous le gouvernement révolutionnaire (1793‑1794), ce culte donnera lieu à de nombreuses cérémonies civiques et religieuses.