Olympe de Gouges - Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

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Ch. 1
Introduction
Ch. 2
Œuvre intégrale
Ch. 3
Accompagnement à la lecture
Ch. 4
Explications linéaires
Ch. 5
Grammaire
Ch. 6
Parcours
Ch. 7
Dissertation
Ch. 9
Prolongements
Contraction et essai
Essai

Enrichir sa culture générale

9 professeurs ont participé à cette page
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Introduction

Cette partie est pensée comme un moyen de :

  • prolonger la réflexion issue de l'étude de l'œuvre intégrale et du parcours associé ;

  • préparer l'épreuve de l'essai en Première technologique.
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Thème 1
  « Du discrédit au silence : la problématique prise de parole des femmes »

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Activité 1
Vocabulaire et connotations

Question 1

a) À l'aide du le Trésor de la Langue Française informatisé, recherchez les mots que vous ne connaissez pas, puis écrivez tous les mots sur la flèche ci‑dessous :

babillerdiscourircaquetercommérerjaserdébattredialoguerjaccaser

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b) Recherchez les mots « caquet » et « babil » et observez les exemples donnés pour illustrer le sens de ces mots lorsqu'ils s'appliquent à des personnes. Sont‑ils majoritairement employés pour des femmes ou pour des hommes ?


Question 2

a) Dans l'extrait suivant, quels verbes sont employés pour désigner la prise de parole du personnage féminin ? Quels sens ont‑ils ?

b) Quel jugement est porté sur la prise de parole de la mère Ury ?

Texte
La mère Ury [...] semblait présider un petit congrès féministe. Juchée sur la banquette de moleskine [...], elle s'agitait et palabrait au centre d'un groupe de militantes qu'elle avait dû rassembler là pour les endoctriner.
Roger Martin du Gard
Les Thibault, L'été 1914, © Éditions Gallimard, 1936.


Question 3

a) Dans l'extrait suivant, le terme « louange » est‑il mélioratif ou péjoratif ?

b) Selon vous, quelles qualités revêtent ces louanges si elles sont « mâles » et non « femelles » ?

Texte
« Messieurs, [ce] n'est pas par des plaintes et des lamentations qu'il convient de célébrer ceux qui laissent une grande mémoire, c'est par de mâles louanges et par la sincère image de leur œuvre et de leur vie. »
Anatole France
Éloge funèbre d'Émile Zola, 1902.


Question 4
Selon Rousseau, en quoi les paroles féminines et masculines s'opposent‑elles ?

Texte
Les femmes ont la langue flexible ; elles parlent plus tôt, plus aisément et plus agréablement que les hommes. On les accuse aussi de parler davantage : cela doit être, et je changerais volontiers ce reproche en éloge ; la bouche et les yeux ont chez elles la même activité, et par la même raison. L'homme dit ce qu'il sait, la femme dit ce qui plait ; l'un pour parler a besoin de connaissance, et l'autre de gout ; l'un doit avoir pour objet principal les choses utiles, l'autre les agréables. Leurs discours ne doivent avoir de formes communes que celles de la vérité.
Jean‑Jacques Rousseau
Émile ou de l'Éducation, 1762.


Question 5
et lisez la fable intitulée « Les Femmes et le secret », de Jean de La Fontaine. En quoi cette fable reprend‑elle les clichés véhiculés sur la parole féminine ?

Texte
Rien ne pèse tant qu'un secret ;
Le porter loin est difficile aux dames ;
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes.
Pour éprouver1 la sienne un mari s'écria,
La nuit, étant près d'elle : « Ô Dieux ! qu'est‑ce cela ?
Je n'en puis plus ; on me déchire ;
Quoi j'accouche d'un œuf ! – D'un œuf ? – Oui, le voilà,
Frais et nouveau pondu : gardez bien de le dire2 ;
On m'appellerait poule. Enfin n'en parlez pas. »
La femme, neuve3 sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire ;
Mais ce serment s'évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L'épouse, indiscrète et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé ;
Et de courir chez sa voisine :
« Ma commère4, dit‑elle, un cas est arrivé ;
N'en dites rien surtout, car vous me feriez battre :
Mon mari vient de pondre un œuf gros comme quatre.
Au nom de Dieu, gardez‑vous bien
D'aller publier5 ce mystère.
– Vous moquez‑vous ? dit l'autre. Ah ! vous ne savez guère
Quelle6 je suis. Allez, ne craignez rien. »
La femme du pondeur s'en retourne chez elle.
L'autre grille7 déjà de conter la nouvelle :
Elle va la répandre en plus de dix endroits :
Au lieu d'un œuf elle en dit trois.
Ce n'est pas encore tout ; car une autre commère
En dit quatre, et raconte à l'oreille le fait :
Précaution peu nécessaire ;
Car ce n'était plus secret.
Comme le nombre d'œufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d'un cent8.
Jean de La Fontaine
« Les Femmes et le secret », Fables, fable 6, Livre VIII, 1678. Orthographe modernisée.

1. Mettre à l'épreuve.
2. Ne le dites surtout pas.
3. Inexpérimentée.
4. Ma bonne amie. Mais la commère est aussi celle qui aime et répand les commérages.
5. Rendre public, divulguer.
6. Qui.
7. Brûle d'envie.
8. Une centaine.

Guide de lecture
Pour répondre à la question 5, aidez‑vous du parcours de lecture suivant.

1. Quelle est la valeur du pluriel « les femmes » dans le titre de cette fable ?


2. En quoi réside la force comique de l'annonce faite par le mari ?


3. a) Comment l'épouse est‑elle désignée ?


b) Quel portrait le fabuliste dresse‑t‑il de ce personnage ?


4. Quelle image cette fable donne‑t‑elle de la parole féminine ?
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Activité 2
Lectures

Texte 1
En mars 2020, au moment où le pays s'arrêtait à cause du COVID‑19, ce sont les professions les plus précarisées, notamment dans le domaine de la santé, qui ont permis à notre société de tenir face à cette crise inédite. Ces professions très majoritairement féminines (par exemple, 91 % des aides‑soignant(e)s sont des femmes), ont été sur le devant de la scène médiatique durant le confinement sans pour autant bouleverser l'ordre établi de la parole, entre « ceux qui pensent et savent » et « celles qui font ».

[Les] femmes sont restées, tout au long de cette crise, les grandes absentes de la réflexion et de l'action politique, comme si la crise, qui révélait leur rôle, les maintenait au bord de la discussion, de la politique, toujours invisibles.

Certes, on les a fait émerger dans les médias en les montrant au travail, toutes ces femmes dont la société dépend. Mais en y présentant toujours les mêmes activités de soin de façon anecdotique, reléguées dans la rubrique des faits de société, secondaires par rapport aux combats des médecins et aux arbitrages des politiques, principalement représentés par des hommes experts. Ainsi, se sont vus quotidiennement opposés et hiérarchisés les experts de la lutte héroïque contre la pandémie et les petites mains qui en humanisent les conditions, la deuxième voire troisième ligne. Le temps du Covid, qui superficiellement a conduit tant de gens à réaliser ce qu'ils leur devaient, a en réalité mis en scène de façon ahurissante une exacerbation des rapports sociaux de sexe et des inégalités. Des hommes visibles, dominant la situation et le sujet, et des invisibles, femmes pour l'essentiel, auxquelles il faut ajouter éboueurs et livreurs, petites mains indispensables et corps exposés à la contamination, à la surcharge de travail, à l'épuisement…

La réalité des femmes est celle‑ci : leur présence dans l'espace public dépend toujours des priorités mises en valeur dans les discours politiques. Lorsqu'au sommet de l'État, on ne jure que par l'économie financiarisée et la start‑up nation, il y a peu de place pour elles, trop absentes de ces champs. De la même façon, dès lors que c'est la crise, on oublie soudain leur existence – comme si les « choses sérieuses » à nouveau n'étaient pas vraiment de leur ressort. Certes, en temps de guerre, notamment durant la Première Guerre mondiale, les femmes ont travaillé dans les usines d'armement ou étaient couturières, soignantes, infirmières. Mais cette rhétorique de la guerre est une façon de consolider l'inégalité de genre : les activités de care1 sont le plus souvent définies comme relevant de la « troisième ligne ». Elles permettent de maintenir le fil de la vie ordinaire, mais sont dévaluées et invisibilisées au même titre que la vie ordinaire elle‑même.

Les femmes qui, il est vrai, ont toujours été remarquablement peu présentes dans l'espace public des médias et de la politique (25 % des couvertures et sujets en temps normal) y sont devenues carrément marginales durant cette crise. Des hommes aux manettes de la gestion de la crise : médecins, experts, gouvernants. Qui parlent d'ailleurs des « soignants » trop souvent au masculin. Des experts hommes au micro ou à la tribune, pleins de certitude et de compétence, toujours proposant les solutions à apporter à cette crise ou pour « penser l'après  » : quatre hommes en une du Parisien nous racontent « le monde d'après ». Figarovox nous propose de « penser la crise » avec Sylvain Tesson, Pierre Manent, Jean‑Pierre Le Goff, Arnaud Teyssier, Joshua Mitchell, Pierre Vermeren, Michel Onfray, Alain Finkielkraut et Chantal Delsol. L'Opinion avec quarante entrepreneurs de la Tech française... dont pas une seule femme ! La parole masculine s'exhibe partout, poussant le Haut Conseil à l'Égalité à s'en inquiéter ou les députées de gauche à souligner le caractère pénible du défilé des orateurs masculins lors du débat sur le confinement, dans une Assemblée qui avait pourtant constitué un progrès vers la parité.

En vain : pendant toute la crise, pendant que des femmes travaillent, à la caisse, à l'hôpital ou à la maison, des hommes se succèdent aux pupitres et plateaux pour énoncer diagnostics, règles à suivre, analyses. Si le « manspreading » (étalement masculin de ceux qui occupent toute la place sur le siège du métro) s'est rétracté dans les nouvelles circonstances de l'organisation sociale, le « mansplaining » (la « mexplication », ces hommes qui expliquent la vie aux femmes) est devenue la forme standard de la parole. (651 mots)
Sandra Laugier
Najat Vallaud‑Belkacem, La Société des vulnérables. Leçons féministes d'une crise, 2020,© Gallimard.


1. Activités, métiers, liés aux domaines de la santé et de l'aide à la personne.
Texte 2
Certes, l'irruption d'une présence et d'une parole féminines en des lieux qui leur étaient jusque‑là interdits, ou peu familiers, est une innovation du dernier demi‑siècle qui change l'horizon sonore. Il subsiste pourtant bien des zones muettes et, en ce qui concerne le passé, un océan de silence, lié au partage inégal des traces, de la mémoire et, plus encore, de l'Histoire, ce récit qui si longtemps a « oublié » les femmes, comme si, vouées à l'obscurité de la reproduction inénarrable1, elles étaient hors du temps, du moins hors événement.

[...] Le silence est l'ordinaire des femmes. Il convient à leur position seconde et subordonnée. Il sied à leur visage lisse, souriant à peine, non déformé par l'impertinence du rire bruyant et viril. Bouche fermée, lèvres closes, paupières baissées, les femmes ne peuvent que pleurer, laisser les larmes couler comme l'eau d'une inépuisable douleur dont, selon Michelet2, elles « ont le sacerdoce ».

Le silence est un commandement réitéré à travers les siècles par les religions, les systèmes politiques et les manuels de savoir‑vivre. Silence des femmes à l'église ou au temple, plus encore à la synagogue, ou à la mosquée où elles ne peuvent pas même pénétrer à l'heure de la prière. Silence dans les assemblées politiques peuplées d'hommes qui font assaut d'une mâle éloquence. Silence dans l'espace public où leur intervention collective est assimilée à l'hystérie d'un cri et une attitude trop bruyante à la « mauvaise vie ». Silence, même, dans le privé, qu'il s'agisse du salon du XIXe siècle où s'est tue la conversation plus égalitaire de l'élite des Lumières, refoulée par les obligations mondaines qui ordonnent aux femmes d'éviter les sujets brûlants – la politique au premier chef – susceptibles de troubler la convivialité, et de se limiter aux convenances de la politesse. « Sois‑belle et tais‑toi », conseille‑t‑on aux jeunes filles à marier, pour leur éviter de dire des sottises ou de commettre des impairs. Certes, les femmes n'ont guère respecté ces injonctions. Leurs chuchotements et leurs murmures courent dans la maison, s'insinuent dans les villages, faiseurs des bonnes et mauvaises réputations, circulent dans la ville, mêlés aux bruits du marché ou de la boutique, enflés parfois dans ces troubles et insidieuses rumeurs qui flottent aux marges de l'opinion. On redoute leurs caquets3 et leurs bavardages, forme pourtant dévaluée de la parole. Les dominés peuvent toujours se dérober, tourner les interdits, remplir les vides du pouvoir, les blancs de l'Histoire. Les femmes, on l'imagine, on le sait, n'y ont pas manqué. Souvent, aussi, elles ont fait de leur silence une arme.

Pourtant, leur posture normale est l'écoute, l'attente, le repli des mots au fond d'elles‑mêmes. Accepter, se conformer, obéir, se soumettre et se taire. Car ce silence, imposé par l'ordre symbolique, n'est pas seulement celui de la parole, mais aussi celui de l'expression, gestuelle ou scripturaire4. [...] « Les femmes sont faites pour cacher leur vie », dans l'ombre du gynécée5, du couvent ou de la maison. Et l'accès au livre et à l'écriture, mode de communication distanciée et serpentine6, susceptible de déjouer les clôtures et de pénétrer dans l'intimité la mieux gardée, de troubler un imaginaire toujours prêt aux tentations du rêve, leur fut longtemps refusé, ou parcimonieusement7 accordé, comme une porte entr'ouverte vers l'infini du désir.

Car le silence était à la fois discipline du monde, des familles et des corps, règle politique, sociale, familiale – les murs de la maison étouffent les cris des femmes et des enfants battus –, personnelle. Une femme convenable ne se plaint pas, ne se confie pas, excepté chez les catholiques à son confesseur, ne se livre pas. La pudeur est sa vertu, le silence, son honneur, au point de devenir une seconde nature, l'impossibilité de parler d'elle finissant par abolir son être même, ou du moins ce qu'on en peut savoir. Telles ces vieilles femmes murées dans un mutisme d'outre‑tombe, dont on ne discerne plus s'il est volonté de se taire, incapacité à communiquer ou absence d'une pensée dissoute à force de ne pouvoir s'exprimer. (707 mots)
Michelle Perrot
Les femmes ou les silences de l'Histoire, 1998 © Flammarion.


1. Que l'on ne peut pas raconter.
2. Écrivain et historien du XIXe siècle, il est notamment l'auteur d'un essai intitulé La Femme (1860).
3. Gloussements (au sens propre, c'est le bruit que font les poules).
4. Qui concerne l'écriture.
5. Dans l'Antiquité, partie de l'habitation réservée aux femmes.
6. Sinueuse et flexible comme un serpent.
7. De manière très limitée.

Question 1
 Dans chaque extrait, identifiez quatre idées pertinentes pour argumenter sur le manque de reconnaissance de la parole féminine.


Question 2
Reformulez de manière plus concise chacune des idées.


Question 3
Compléter la qui récapitule les thèmes, arguments et citations utiles pour l'épreuve de l'essai.
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Activité 3
Recherches et synthèse

Question 1
 En binôme, réalisez un dossier (articles, vidéos, podcasts) expliquant le terme mansplaining évoqué par Sandra Laugier et Najat Vallaud‑Belkacem ().


Question 2
Sélectionnez les informations les plus adéquates : proposez une définition claire, un ou deux exemples précis, et questionnez la pertinence de ce concept.


Question 3
Réalisez une affiche en utilisant un outil de design graphique type Canva ou inventez une saynète pour exposer ce concept à votre classe.


Question 4
Prenez contact avec le référent égalité filles‑garçons de votre lycée pour valoriser votre travail à l'échelle de votre établissement.
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Activité 4
Prolongement artistique

Faites des recherches puis répondez aux questions suivantes.

Placeholder pour Judith décapitant 
HolopherneJudith décapitant 
Holopherne
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Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, 1615, huile sur toile, 159 x 125,5 cm, musée de Capodimonte, Naples, Italie.


Question 1
 Qui était Artemisia Gentileschi ?


Question 2

a) Quel est l'épisode biblique représenté ?

b) Pourquoi la peintre a‑t‑elle choisi ce sujet et comment l'a‑t‑elle traité ?


Question 3
Dans quelle mesure peut‑on considérer ce tableau comme une audacieuse « prise de parole » destinée à rompre le silence ? 

➜ Pour aller plus loin

  •  Une lecture cursive : Alexandra Lapierre, Artemisia, 1998, Robert.
  •  Un film : Artemisia d'Agnès Merlet, 1997.
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Activité 5
Essai

À la lumière de vos connaissances et en vous aidant des exercices précédents, traitez l'un de ces trois sujets :

a) Selon vous, la littérature et les arts permettent‑ils de rompre un silence imposé ou subi en rendant possible une prise de parole ?
Coup de pouce
Un pour traiter ce sujet est disponible.



b) En quoi la prise de parole est‑elle une prise de pouvoir, selon vous ?


c) Selon vous, l'écriture et l'art sont‑ils des armes de libération de la parole ?
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Thème 2
  « Être reconnu(e) écrivain(e) : une conquête de haute lutte »
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  • propose quatre activités sur la lutte des femmes pour accéder au statut d'autrice, susceptibles de nourrir une argumentation d'essai.

  • Voici d'autres activités consacrées au processus de reconnaissance littéraire pour les écrivain(e)s noir(e)s au XXe siècle.
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Activité 1

Visionnez et à René Maran, et complétez le texte à trous ci‑dessous.

En 1921, le prix
est attribué pour la première fois à un auteur
, René
, né à
et alors âgé de
. Travaillant comme
en Oubangui‑Chari (l'actuelle République centrafricaine), l'auteur donne pour la première fois la place principale à
dans son roman
qui raconte le destin d'un
. Rédigé sans volonté d'exotisme, le roman et notamment sa préface
la situation coloniale : la remise du prix littéraire fait
, comme le montrent des réactions racistes et critiques dans la presse et l'auteur est même contraint de
.

Selon Alain Mabanckou, cette œuvre est
de la littérature
et son auteur le
de l'idéologie de la Négritude, mouvement fondé la décennie suivante par
qui se réclameront tous de lui. Son influence parmi les intellectuels noirs de l'époque est considérable. Par la suite, d'autres ouvrages paraitront sur la situation coloniale comme
d'Albert Londres ou encore les recueils de poèmes de
.

Le prix Goncourt décerné cette année‑là a donc non seulement permis à
d'accéder à la
littéraire mais a contribué à mobiliser de nombreux écrivains et de nouvelles plumes sur le sujet crucial et sensible de la colonisation.
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Activité 2

Lisez cet article consacré à la remise du Prix Nobel alternatif à l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé en 2018, puis répondez aux questions.

Texte
D'un scandale à l'autre, le monde du livre, comme celui du cinéma, se voit contraint de faire face à l'examen sans complaisance1 des aspects plus sombres de sa culture : son indulgence pour les turpitudes2 les plus flagrantes, mais aussi le sexisme et les autres formes de discrimination qui la traversent.

Cet examen est d'autant plus salutaire3 que les livres, comme les films, influencent profondément nos manières de penser et de voir le monde.

En 2018, un grand prix littéraire était remis à une autrice guadeloupéenne noire, Maryse Condé. À cette occasion, cette écrivaine déjà souvent pressentie pour le Nobel au cours d'une carrière littéraire et universitaire remarquable choisissait de partager une anecdote associée à sa consécration.

Vers douze ans, Condé découvre Les Hauts de Hurlevent4 d'Emily Brontë. Enthousiaste, elle confie alors à l'amie de la famille qui lui a offert ce roman qu'elle aussi souhaite devenir écrivain. Sa réponse : « les gens comme nous n'écrivent pas ». Veut‑elle dire les Noirs, les femmes, les habitants des petites îles ? Condé se le demande encore. Le pessimisme de cette déclaration reflète bien sûr le contexte de son énonciation : la Guadeloupe des années 1940.

Aujourd'hui, comme l'écrit Delphine Naudier, « l'idée de vocation qui associe la pratique littéraire à un don laisse à penser que chacun, quelle que soit son identité, peut devenir écrivain ». La Guadeloupe et la Martinique comptent d'ailleurs un nombre impressionnant d'auteurs, hommes et femmes, de différentes couleurs de peau, des plus reconnus aux plus confidentiels. Cependant, poursuit Naudier, « le champ littéraire est, en réalité, un espace hiérarchisé où l'origine sociale, le sexe, la couleur de peau, la nationalité constituent des marqueurs » qui sont autant de critères de différenciation et opérateurs de hiérarchie. « Les gens comme nous » écrivent, mais ils arrivent plus difficilement à la reconnaissance littéraire.

Femme
Naudier s'intéresse surtout à la place des femmes dans le champ littéraire, et à un phénomène de minorisation5 et de dévalorisation symbolique résultant de la persistance d'un rapport historique de domination. Le fait d'être écrivain « tout court » (sans étiquette) reste pour elle, en France, l'apanage6 d'écrivains français blancs et de sexe masculin. « Dans ce qui reste un bastion masculin », la qualité littéraire est jugée, « l'universel » est pensé à partir de représentations masculines. [...]

Noire
Dans une économie du livre dirigée par des élites culturelles pendant très longtemps presque exclusivement blanches, les écrivains noirs ont eu besoin de voix considérées comme plus légitimes que les leurs pour encadrer, relayer, préfacer ou célébrer leurs textes et récits : comme l'a montré l'universitaire Henri Louis Gates pour le contexte nord‑américain, la publication de récits d'esclaves, par la voix des abolitionnistes puis facilitée par eux, a établi les fondements de la littérature noire américaine. [...]

En 1941, André Breton « découvre » Aimé Césaire et l'intronise7 sur la scène littéraire parisienne (découvrir signifie ici dévoiler aux yeux des Européens et donc, au sens figuré, faire exister). Quelques années plus tard, Sartre, qui va également préfacer Les Damnés de la Terre8 et Portrait du colonisé, explique au public français la valeur du courant de la Négritude en préfaçant avec Orphée Noir9, l'anthologie de poésie noire éditée par Senghor en 1948.


Article d'Anna Lesne, The Conservation, 13 janvier 2021

1. Sans indulgence.
2. Bassesses, actions honteuses.
3. Bénéfique, profitable.
4. Seul roman de l'autrice britannique Emily Brontë, reconnu comme l'un des plus grands romans du XIXe siècle.
5. Fait de diminuer l'importance.
6. Le privilège.
7. Introduire de manière officielle.
8. Essai sur le colonialisme de l'écrivain et psychiatre martiniquais Frantz Fanon (fervent défenseur de l'Algérie libre, il se considérait comme algérien).
9. Essai de l'écrivain franco‑tunisien Albert Memmi.


Question 1
Reformulez de manière concise l'idée principale des deux premiers paragraphes.


Question 2

a) Comment comprenez‑vous la formule « les gens comme nous n'écrivent pas » ?


b) Comment Maryse Condé l'a‑t‑elle perçue ? Expliquez avec vos propres mots. En quoi cette formule est‑elle déterminante mais aussi paradoxale pour Maryse Condé elle‑même ?


Question 3
Selon vous, comment accède‑t‑on à la reconnaissance littéraire évoquée dans le cinquième paragraphe ?


Question 4

a) Que veut dire l'expression « écrivain “ tout court ” » ?


b) Quelles autres formulations pourrait‑on alors lui opposer ?


c) En quoi ces dernières sont‑elles problématiques ou insatisfaisantes ?


Question 5
Par quoi fut facilitée la reconnaissance littéraire des écrivains noirs en France et aux États‑Unis ?


Synthèse  Imaginez une suite à la citation suivante de Maryse Condé : « On peut devenir écrivain, qu'on soit femme, noire ou originaire d'un tout petit pays. »
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Activité 3

Question 1
Lisez l'extrait suivant et montrez en quoi il fait écho à .


Question 2
À partir de cet extrait et de recherches personnelles, créez une fiche de synthèse sur le mouvement de la Négritude en mettant en valeur ses figures fondatrices, ses valeurs et sa pérennité au sein de la littérature contemporaine.
Cliquez pour accéder à une zone de dessin
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Texte
Même si leur contribution n'a guère voire pas du tout été reconnue, les écrivaines francophones ont continûment joué un rôle dans l'histoire de la littérature de langue française. La négritude n'aurait probablement pas eu le même retentissement sans Jane et Paulette Nardal, deux sœurs d'origine martiniquaise passées par l'université et parlant couramment le français et l'anglais. [...]

Souvent cités comme chefs de file du mouvement, trois poètes, le Martiniquais Aimé Césaire, le Guyanais Léon‑Gontran Damas et le Sénégalais Léopold Sédar‑Senghor doivent beaucoup à ces deux femmes, capables d'anticiper l'avenir.

Femmes et littérature, Une histoire culturelle, dirigé par Martine Reid, Tome 2, © Gallimard, 2020.
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Activités collaboratives

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Activité 1
Les mots pour dire les maux de l'inégalité

En binôme, faites l'activité suivante.

Question 1
 Quelles racines grecques ou latines sont présentes dans les mots ci‑dessous ?


Question 2
 Quel sens ces racines ont‑elles et en quoi éclairent‑elles le sens actuel de chacun des mots ?


Question 3
 Donnez une définition simple et claire de chaque mot.
misogyniephallocratiehomophobieparitéploutocratiesororitéaristocratieisonomiepatriarcatstéréotype


Question 4
 Que désignent les expressions ci‑dessous ? Donnez une explication précise.


Question 5
 Dans quels contextes peut‑on les rencontrer ?
discrimination positivecharge mentaleplafond de verreégalité des chances
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Activité 2
Les mots pour défendre l'égalité

Question 1
 Allez sur 100 mots pour l'égalité créé par la Commission européenne et téléchargez‑le.

Question 2
 Sélectionnez quatre mots qui vous semblent particulièrement pertinents pour traiter du sujet de l'égalité entre les femmes et les hommes.


Question 3
 Reformulez chaque définition avec vos propres mots et illustrez‑la avec un exemple de votre choix.


Question 4
 En groupe, présentez les mots que vous avez sélectionnés et justifiez vos choix.


Question 5
 Avec vos camarades, votez pour les trois mots les plus judicieux.


Variante possible

Associez votre professeur(e) d'anglais au projet à l'occasion de l'axe d'étude « espace public / espace privé » de votre programme de langue vivante. Faites le même travail mais présentez oralement deux mots en anglais et deux mots en français.
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Activité 3
Votre combat pour l'égalité en 180 secondes

À l'aide des sites internet des organismes, du ministère et des médias suivants, présentez à votre classe un combat contre une forme d'inégalité.

➜ 
➜ 
➜ 
➜ 
➜ 
➜  et , en vous servant de leur moteur de recherche

Répartissez‑vous en petits groupes de 3 ou 4 élèves.

Question 1
 Dans chaque groupe, définissez le thème de votre recherche et l'angle d'approche choisi.
Exemple : Nous choisissons d'évoquer l'inégalité subie par les personnes en situation de handicap [thème] dans leur accès au monde du travail [angle d'approche].


Question 2
Lisez, écoutez, prenez des notes, surlignez des passages et collectez‑les dans un espace de travail collaboratif (de type Framapad, Padlet ou Google Slide, par exemple).


Question 3
 Construisez votre exposé en structurant clairement votre propos et en mettant en valeur les informations les plus importantes.
  •  Qu'avez‑vous envie que vos camarades retiennent ?
  •  Comment allez‑vous mettre en valeur votre propos et vos analyses ?



Question 4
Lors de votre passage à l'oral, répartissez‑vous équitablement la parole et parlez sans lire vos notes. Adressez‑vous de manière claire à vos camarades en soignant votre prise de parole. Surveillez bien votre temps : vous n'avez que 180 secondes !
Enregistreur audio
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Activité 4
Des images pour combattre les inégalités

Question 1
 En binôme, allez sur le . Cliquez sur « votre recherche » et sélectionnez trois affiches dans les onglets « images/films analysés » et « images à annoter ».

Question 2
Pour chaque image, lisez l'analyse proposée dans la fiche associée.

Question 3
Expliquez en quelques lignes l'enjeu de chaque affiche choisie et les effets recherchés par son ou ses concepteurs.  


Question 4
Associez chacune d'elles à un extrait de l'œuvre étudiée, à un texte du parcours associé ou à un texte support de contraction.


Question 5
Vers l'essai
a) Préparez deux arguments pour étayer la thèse suivante :
En matière de lutte contre les discriminations entre les hommes et les femmes, les images marquent les esprits et font évoluer les mentalités.


b) puis complétez cette fiche de révision.
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Activité 5
Des podcasts pour combattre les inégalités

Question 1
 En classe entière, répartissez‑vous le travail d'écoute des podcasts :

1. Le féminisme
  •   : un podcast sur le sexisme dans les milieux favorisés.

  •   : un podcast sur la faible représentation des femmes dans l'art et leurs combats pour une plus grande visibilité.

  •   : un épisode de podcast sur la langue française. Est‑elle sexiste ? Si oui, l'a‑t‑elle toujours été ? Sa construction grammaticale relève‑t‑elle de choix politiques ou s'est‑elle construite naturellement au fil de l'histoire ?

  •   : chaque semaine, un entretien avec une femme puissante d'aujourd'hui.

  •  Les , sur les femmes artistes et écrivaines. Les couilles sur la table : un podcast qui examine ce que ça veut dire « être un homme » aujourd'hui.

  •   : deux fois par mois, Lauren Bastide interview des militantes, des artistes, des écrivaines ou encore des chercheuses pour parler de féminisme et d'antiracisme.

  •   : une bande d'amies journalistes et chercheuses décortiquent films, livres, et autres éléments de la pop culture, sous un angle féministe et intersectionnel (c'est‑à‑dire qui prend en compte différentes discriminations).


2. L'antiracisme
  •   : un podcast en trois épisodes qui décortique ce qu'est le racisme à partir de témoignages.

  •   : un podcast en dix épisodes sur la perception des cultures arabes en France.

  •   : un podcast qui explore les questions raciales à travers de nombreux thèmes variés (la cuisine, l'art, l'école, etc.).

  •   : une émission de France culture sur le féminisme post‑colonial. Comment prendre en compte la diversité des expériences face au sexisme ?


3. Les discriminations des personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres)

4. Les discriminations liées à la religion
  •  : la liberté de le porter (ou pas) : trois histoires de femmes qui ont décidé de porter le voile, de le garder ou de l'ôter.


Question 2
 Écoutez attentivement votre épisode pour en réaliser une synthèse sous forme de carte mentale. Sélectionnez quelques citations, expliquez les enjeux développés (arguments déployés, analyses de telle situation, témoignage, récit, etc.) et montrez en quoi l'épisode traite de la question des inégalités ou du combat pour plus d'égalité.

Cliquez pour accéder à une zone de dessin
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Question 3
 Déposez votre carte mentale sur un mur collaboratif (celui de votre ENT ou sur un Padlet par exemple).

Question 4
 Sélectionnez deux cartes mentales réalisées par vos camarades et préparez deux questions à leur poser.


Question 5
 En classe, échangez sur vos travaux et repérez des liens thématiques, des angles d'approche communs entre les différents podcasts écoutés ou des prolongements.


Question 6
 Créez votre propre podcast et participez aux prochaines éditions du concours «  ».
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