Nous avons cru devoir raconter en détail l'histoire de Claude Gueux, parce que, selon nous, tous les paragraphes de cette histoire pourraient servir de têtes de chapitre au livre où serait résolu le grand problème du peuple au dix‑neuvième siècle.
Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, cœur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite, qu'il finit par voler ; la société le met dans une prison si mal faite, qu'il finit par tuer. Qui est réellement coupable ? Est‑ce lui ? Est‑ce nous ?

Victor Hugo

Claude Gueux, 1834.

Lisez l'extrait 1, puis relisez‑le sans les mots en bleu.

Quelle différence cela produit‑il ?
Qu'apportent les mots et les procédés en bleu à l'argumentation de l'auteur ?

Observez les expressions surlignées en vert.

Quel rôle jouent‑elles ?
Quelle valeur a la forme interrogative ?

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Expérimenter

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Questions

Extrait 2

Il y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. [...] L'ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l'éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Un hiver, l'ouvrage manqua. Pas de feu, ni de pain dans le galetas. L'homme, la fille et l'enfant eurent froid et faim. L'homme vola. Je ne sais ce qu'il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais, c'est que de ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant, et cinq ans de prison pour l'homme.

Victor Hugo

Claude Gueux, 1834.

À partir de ce début du même texte de Victor Hugo (extrait 2), soyez l'avocat du personnage principal, Claude Gueux : complétez le passage en ajoutant des mots qui renforcent votre vibrante défense de ce « pauvre ouvrier » et de sa famille. Imaginez également d'autres procédés que pourrait utiliser un avocat.
Partagez vos discours en les oralisant. Quels sont les discours les plus convaincants ? Tentez de nommer les techniques efficaces dans ces discours.

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Faire le point

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Un énoncé est rarement neutre. Seuls les textes à prétention scientifique et juridique qui visent la généralité sont objectifs.
Ex. L'eau bout à 100 °C.

À l'inverse, les argumentations, qui cherchent à influencer l'autre, sont empreintes d'une grande subjectivité (ce qui appartient au sujet, c'est‑à‑dire la personne : ses pensées, ses opinions, ses sentiments, sa vision, etc.). Il en est de même avec la plupart des récits, en particulier dans les propos des personnages. Nombreux sont les moyens linguistiques servant à exprimer un point de vue. On les appelle des modalisateurs (voir tableau ci‑dessous).

Les modalisateurs les plus fréquents
❯ Des verbes, personnels ou impersonnels, qui traduisent l'opinion (la certitude, le doute, l'interrogation) ou les sentiments (la peur) Ex. Je suis sûr que / Je suppose que, je me demande si, il me semble que, il est possible que / Je crains que, j'ai peur que, je redoute, etc.
❯ Des groupes prépositionnels pour situer le jugement Ex. À mon avis, pour moi, selon moi, d'après moi, etc.
❯ Des adverbes ou locutions adverbiales, qui renforcent la subjectivité Ex. Certainement, absolument / apparemment, vraisemblablement, peut‑être, presque, légèrement, bizarrement, incroyablement, vaguement, comme, à peine, à peu près, un peu, quelque peu, etc.
❯ Des modes et temps verbaux : le conditionnel, le subjonctif : doute, éventualité, souhait, regret Ex. On dirait que, il paraitrait que, qu'il vienne, etc.
❯ Des adjectifs et des noms, positifs ou négatifs Ex. sublime, une déesse / étrange, verdâtre, criard, un diable
❯ Des figures de style, pour un jugement mélioratif ou péjoratif Ex. métaphores, comparaisons, hyperboles
❯ Des formes interrogatives ou exclamatives pour animer l'énoncé Ex. Est-ce possible ? / Quelle honte !
❯ Des marques dans la ponctuation (guillemets), dans la graphie (italique, majuscules) ou dans la prosodie/prononciation, pour accentuer un élément (parfois ironiquement) Ex. Cette « respectable assemblée » / Il n'est PAS facile à vivre. / In‑fer‑nal !

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Appliquer

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Ex. 1

Classez tous les modalisateurs suivants selon qu'ils expriment la certitude ou le doute.

La certitude :

Le doute :

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Ex. 2

Dans le portrait suivant, relevez en les distinguant nettement tous les modalisateurs destinés à toucher le lecteur et l'entrainer vers une interprétation fantastique.

Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur ce visage d'une incroyable beauté cependant. En vérité, plus on regardait cette admirable statue, et plus on éprouvait le sentiment pénible qu'une si merveilleuse beauté pût s'allier à l'absence de toute sensibilité.

Prosper Mérimée

La Vénus d'Ille, 1837.

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Ex. 3

À la manière des candidats au concours d'éloquence Eloquentia, préparez, en autonomie ou en groupe, un bref discours persuasif mobilisant de multiples modalisateurs, sur l'un des sujets suivants :

L'apparence est‑elle importante ?
Peut‑on rire de sujets graves ?

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