Français 4e - 2022

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Chapitre 10
Texte et image 3

« Et tout ce silence… »

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Un virus mortel s'est répandu sur la Terre, tuant toute la population mondiale sauf les adolescents âgés de 15 à 18 ans. Jules est un des rescapés. Après s'être confiné plusieurs semaines dans un appartement, il sort et découvre Paris métamorphosé.

Dès que je mets un pied sur l'avenue de l'Observatoire, je suffoque, toujours cette odeur de décomposition très forte, de viande macérée, d'œuf pourri, de poisson avarié.
Et j'ai l'impression que ces effluves1 sont vivants, qu'ils se faufilent partout, qu'ils s'insinuent en moi comme les Ombres néfastes de Voldemort2. Le bitume est parsemé de corps boursouflés et raides. C'est encore plus irréel que du cinquième étage, d'où les rues me paraissaient figées sous les nuées d'oiseaux noirs. C'est irréel, mais je ne peux plus le réfuter3. Ils sont bien là, ces cadavres, monstrueux. Leur présence me glace de l'intérieur, je n'avais jamais vu un mort en vrai, et là, tous ces corps d'un coup. Ils n'ont plus rien d'humain, ils se décomposent déjà, survolés par des essaims de mouches. Est-ce que ce sont bien des hommes ? Ou des restes d'hommes ?
Et tout ce silence… Ce silence qui m'assourdit plus que le vacarme de la circulation, les démarrages des bus au feu vert, le chahut des enfants, les pots d'échappement des mobylettes. Les bruits de Paris me manquent. Depuis quelques jours, il n'y a même plus de sirènes. […]
Je m'oblige à avancer vers le Luxembourg4, dans l'espoir d'y voir moins de corps, d'y respirer un oxygène moins pollué. Des voitures arrêtées s'accumulent dans la rue. L'odeur ne me quitte plus, elle a imprégné mes vêtements, je pue la mort maintenant. L'entrée du Luxembourg en face du lycée Montaigne est fermée, je repars vers le boulevard Saint-Michel par la rue Auguste-Comte. J'essaye de ne pas trébucher sur des cadavres étalés devant l'École des Mines, de ne pas m'effondrer, là, sur le trottoir. J'ai envie de m'allonger parmi eux, eux que je ne sais plus comment nommer. Envie de me recroqueviller sur le béton et de ne plus me relever ; de m'abandonner à l'épuisement qui me submerge, qui fait que chacun de mes pas est un effort insurmontable.
Mais j'avance. Sans croiser âme qui vive. Un bus a percuté les balustrades du Luxembourg, des voitures défoncées se sont encastrées derrière lui. Le supermarché n'est plus très loin, rue Monsieur-le-Prince.
Le pire, après la puanteur et le silence entrecoupé des cris des charognards voraces5, c'est l'immobilité absolue de tout ce qui vivait. La vie, c'est le mouvement, et de mouvement, il n'y en a plus. Hormis les tourbillons d'oiseaux noirs et les cavalcades6 des rats gris.
Je réalise soudain que je suis tout près de la mairie du 5e, et je décide finalement de remonter la rue Soufflot : je suis avide de nouvelles7. Là-bas, j'aurai peut-être une chance d'établir un lien avec d'autres rescapés. Autant vérifier s'il n'y a pas une affiche, un quelconque Avis aux survivants placardé.
Impassible et majestueux, le Panthéon abrite toujours ses tombeaux d'hommes célèbres, comme c'est dérisoire aujourd'hui !
Carole Trébor
U4 - Jules, © Nathan/Syros, 2015.

1. Odeurs.
2. Sorcier maléfique dans la série Harry Potter, de J. K. Rowling.
3. Nier.
4. Grand jardin situé au centre de Paris.
5. Des animaux qui dévorent les cadavres.
6. Courses.
7. J'ai très envie d'avoir des nouvelles.

Lecture du texte

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Carole Trébor

 (née en 1973)
Carole Trébor est une historienne et une romancière française. Elle écrit pour la jeunesse. En 2015, elle s'accorde avec trois écrivains (Florence Hinckel, Vincent Villeminot et Yves Grevet) pour écrire une même histoire en adoptant à chaque fois le point de vue d'un personnage différent. Il existe ainsi quatre versions de U4.
Placeholder pour Carole TréborCarole Trébor
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Placeholder pour Zeferli, Vision post-apocalyptique de Paris, image numérique, 2020.Zeferli, Vision post-apocalyptique de Paris, image numérique, 2020.
Zeferli, Vision post-apocalyptique de Paris, image numérique, 2020.
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Questions

Compréhension

1. Que découvre Jules dans les rues de Paris ?
2. Pourquoi est-il sorti dans la ville ?

Analyse et interprétation

3. a) Comment se traduit la présence de la mort dans cet extrait ? Relevez différents éléments, et illustrez chacun d'eux par une citation du texte.
3. b) Lequel semble le plus insupportable pour le narrateur ? Justifiez votre réponse.
4. Que ressent le narrateur ? Donnez plusieurs réponses, en justifiant.
5. a) Qu'est-ce que le Panthéon ?
5. b) Pourquoi le narrateur dit-il qu'il est « impassible » ?
5. c) Comment comprenez-vous la fin de la phrase ?
6. Image Quels liens pouvez-vous faire entre cette image et la description de Paris dans le texte ?

Langue

7. a) Identifiez les préfixes dans les mots « décomposition », « irréel », « insurmontable », « immobilité ».
7. b) Quel est leur point commun ?
7. c) En quoi les marques de négation dans le texte soulignent-elles la description d'un Paris post-apocalyptique ?

Écriture

8. Toute la Terre a été frappée par l'épidémie U4. En adoptant le point de vue d'un(e) survivant(e), décrivez votre ville (ou la ville la plus proche de chez vous).
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