Une mystérieuse épidémie a tué tous les adultes. Seuls quelques enfants, dont Zyzo, ont survécu. Grâce aux livres, ils ont appris à construire ce dont ils avaient besoin. En revanche, ils ne comprennent pas l'utilité des objets et des bâtiments d'autrefois.
Tout en marchant de nouveau à l'abri dans l'ombre des maisons hautes, Zyzo ne cessait de se poser des questions. C'était avant tout pour ça qu'il aimait s'aventurer pendant des heures dans la ville. Tout était étrange. Rien n'avait de sens. Ou alors un sens qui lui échappait.
La vie se trouvait dans les bois autour de la ville, l'eau, les animaux, les plantes, les fruits. Rien ou presque ne vivait dans les rues, à part les oiseaux, les insectes, les chats sauvages, quelques chiens errants et les arbres prisonniers de grilles de fer. Tout était mort ici, mais Zyzo savait que d'autres hommes, des adultes, avaient construit la ville il y a longtemps. Ils avaient dû passer toute leur vie à la bâtir, à empiler les pierres des murs du château1 ou assembler les barres de fer du tipi2.
Zyzo n'avait aucune idée des outils fantastiques que ces adultes, avant qu'il naisse, avaient dû utiliser pour parvenir à un tel résultat : ces tours qui touchaient presque le ciel, ces pierres sculptées à des dizaines de mètres de hauteur, mais après tout, il s'en fichait. Il y avait toujours des enfants ingénieux pour trouver des solutions à tout, construire des échelles de branches plus solides, recouvrir des peaux avec de la graisse pour que la pluie glisse dessus, retenir la chaleur du feu dans des fours de pierre, faire cuire de la terre rouge jusqu'à ce qu'elle soit aussi dure qu'une brique… Non, ce qui l'intéressait, ce n'était pas comment les hommes d'avant avaient fait pour construire la ville. C'était pourquoi ? C'était ce que signifiait chaque détail. Et il y en avait des milliers.
Par exemple, que signifiaient ces lignes blanches peintes au milieu des rues ? Zyzo en découvrait partout, généralement quand les rues se croisaient, mais pas seulement, parfois une seule ligne, parfois plusieurs parallèles quand les rues étaient plus larges. Ces peintures blanches ressemblaient aux signes de guerre que les enfants du tipi se traçaient sur les joues quand ils jouaient. Pourquoi les avoir dessinées sur toutes ces rues grises ? À quoi pouvaient-elles servir ?
Un nouveau trou de – M –3.
Assemblée nationale.
Zyzo continuait d'avancer en prenant soin de rester caché dans l'ombre des bâtiments, du côté le moins ensoleillé de la rue. Une question, parmi mille, tournait dans sa tête. Le long des rues, certains murs étaient faits de pierres, de briques, avec des portes et des fenêtres, mais d'autres n'étaient constitués que de grandes vitres de verre, du sol au plafond. On pouvait donc tout voir à l'intérieur de certaines maisons, et c'était impossible pour d'autres. Dans certaines rues, presque toutes les maisons étaient transparentes, et dans d'autres, aucune !
Pourquoi ? Certains habitants d'avant avaient-ils envie qu'on les voie, et d'autres non ?