Le principe majoritaire, de son côté, ne peut suffire à fonder les institutions démocratiques. L'élection, en effet, ne garantit pas qu'un pouvoir soit au service de l'intérêt général, ni qu'il y reste. Une appréhension élargie de la notion de volonté générale est ainsi en train d'émerger souterrainement, de façon encore confuse. Un pouvoir n'est désormais considéré comme pleinement démocratique que s'il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l'expression majoritaire. C'est à cela que correspond notamment la montée en puissance d'institutions comme les autorités indépendantes ou les cours constitutionnelles. Il ne s'agit le plus souvent encore que d'expressions partielles et inachevées. Mais on ne donnera un caractère véritablement démocratique à ces institutions, à leur mode de composition, à leurs conditions de fonctionnement et de reddition de compte, que si on les pense comme telles. [...] Deuxième grand axe : appréhender la démocratie comme une forme de société, et pas seulement comme un régime. [...] Les sociétés démocratiques ont commencé à se défaire avec l'affaiblissement des États-providence qui avaient permis de leur donner une certaine consistance. Faute d'un nouveau principe qui vienne prendre le relais pour structurer des institutions d'intégration et de justice sociale, les inégalités se sont spectaculairement accrues. [...] Ce sont les formes générales de la solidarité qu'il s'agit de ranimer.