Quand on a commencé la lutte du Larzac, moi personnellement, je me sentais concernée mais je [...] voyais pas ce que je pouvais faire contre une armée, contre un gouvernement [...]. Faut dire aussi que je suis [...] pas tellement militante, je le suis devenue [...]. Puis je sentais aussi que c'était difficile de rester à l'écart. Alors j'ai essayé, avec d'autres femmes et même avec Pierre, de participer davantage. Aux actions, je participais autant que je le pouvais, enfin c'était pas toujours facile à cause des enfants [...]. Et quand Pierre allait faire des actions à Paris où je savais qu'il pouvait y avoir du danger, j'aimais bien aller avec lui participer, par tranquillité plutôt que de me faire du souci à la maison. Mais ma participation s'arrêtait là [...]. Quand il s'agissait de porter mon témoignage sur ce qu'était la lutte, ma lutte à moi, je me sentais toujours à l'écart. Et c'est pour ça d'ailleurs qu'il y a beaucoup de gens qui pensent, qui pensaient, surtout au début, que la lutte du Larzac c'était une lutte d'hommes. Mais en fait, les femmes, on était quand même bien derrière, c'est peut-être parce qu'on n'a pas fait le service militaire qu'au départ on s'est senties moins concernées que nos maris, mais enfin, on était quand même là, présentes, on faisait tout ce qu'on pouvait mais... enfin pour moi, personnellement, ça a été très dur, le départ. C'est beaucoup moins dur maintenant. [...] C'est très épanouissant.