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Les évolutions de la population active
Le début du « papy boom ». La population française augmente moins vite et commence à vieillir. Cette évolution est elle-même provoquée par de nombreux changements sociaux qui se nourrissent mutuellement : allongement de la durée des études, déclin de la famille nucléaire, recul du mariage et essor du divorce, libéralisation de la contraception, etc.
Vers une société postindustrielle. Les mutations entamées pendant les Trente Glorieuses s'amplifient après 1975. Les secteurs primaire et secondaire, touchés par la crise, déclinent. Le secteur tertiaire devient de plus en plus important. Cette tertiarisation de l'économie se traduit par la poursuite du développement des classes moyennes et une féminisation croissante de la population active.
L'explosion du chômage. Du fait de la crise et de la désindustrialisation, les chiffres du chômage passent de 450 000 en 1974 à 2,2 millions en 1988. Un chômage de masse sʼinstalle durablement en France. Il touche surtout les jeunes sans diplôme, les femmes, les plus de 50 ans et les
immigrés. Avec lui se développe la précarité, sous la forme du travail à temps partiel et des contrats à durée déterminée (CDD). L'écart entre les plus riches et les plus pauvres s'accroît. De nombreux mécanismes sont mis en place par les gouvernements pour limiter l'exclusion sociale, comme l'
impôt sur les grandes fortunes en 1982 et le
RMI en 1988. Des initiatives privées viennent aussi en aide aux exclus, comme les Restos du cœur créés par l'humoriste Coluche en 1985 (
).
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Évolutions et tensions sociales
L'arrêt de l'immigration. Avec le ralentissement de la croissance et la montée du chômage, l'immigration est officiellement stoppée en 1974. Seul le regroupement familial est encore autorisé. Une partie de l'immigration devient clandestine et est réprimée. La part des ressortissants européens continue de se réduire au profit des nationalités du Maghreb. Entre 1975 et 1990, la part des immigrés dans la population française reste stable (7,4 %), tout comme celle des
étrangers (autour de 6,5 %).
La montée du racisme. Tous les immigrés doivent faire face à une intégration de plus en plus difficile, marquée par une xénophobie quotidienne, mais aussi par des conditions de vie et de travail difficiles. Des partis politiques dʼextrême droite, notamment le Front national, instrumentalisent le thème de lʼimmigration et diffusent des discours racistes. En réaction, les jeunes générations issues de lʼimmigration se mobilisent pour dénoncer et combattre le racisme dans les années 1980 : une grande marche de lʼégalité est organisée en 1983, tandis que lʼassociation SOS Racisme, fondée en 1984, tente de rassembler les jeunes autour du slogan « Touche pas à mon pote ».
La cohésion sociale mise à mal. Après les Trente Glorieuses, c'est le temps des «
Vingt Piteuses » : la montée du chômage et la récession économique entraînent des tensions sociales. La ségrégation urbaine s'accroît : les populations les plus aisées s'installent dans les centres-villes ou dans des lotissements périurbains, tandis que les plus pauvres (souvent des immigrés) se regoupent dans les grands ensembles des banlieues.